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Autour du col de Turini

Autour du col de Turini

A un peu moins de 8 km au nord de Peïra-Cava, par la route de crête sinueuse qui traverse de belles forêts, voici le col de Turini (1607 m).

De là, quatre routes s'ouvrent : celle en palier dont on vient depuis Peïra-Cava au sud, à l'est celle qui s'enfonce vers la vallée de la Bévéra via le village du Moulinet, à l'ouest celle qui descend vers la vallée de la Vésubie en passant par le village de La Bollène-Vésubie, et au nord-est celle qui s'élève vers le massif de l'Authion.

 

Les deux voies est et ouest dévalent les pentes à travers de nombreux lacets.

Le col de Turini, Alpes-Maritimes
Carte col de Turini

Nos fréquentes pauses sur la terrasse de l'hôtel-restaurant du col nous ont permis de constater à quel point le site est connu, tant des cyclistes européens que des motocyclistes et des rallymen en voitures de sport plus ou moins anciennes (Triumph, Lotus...ou Porsche).

Le rallye de Monte Carlo passe aussi toujours ici. 

Le col est un point de départ connu pour de nombreuses randonnées, auxquelles nous allons nous essayer.

Une "gang" de bikers au col de Turini (06)
Rallye chic au col de Turini

Autour du col de Turini, le petit chemin de l'Arpiha

Petit chemin de l'Arpiha

Juste dans le 2ème lacet au-dessus du col dans la direction du massif de l'Authion, une piste en sortie de courbe monte vers une clairière-plateau.

 

Là se trouve la "Vacherie de Mantegas", une ferme qui fabrique du tome. Son troupeau déambule en totale liberté dans les alpages et les prés tout autour du col.

 

Rappel familier de souvenirs d'enfance où je gardais les vaches (ou l'inverse?) en bord de Garonne.

Mais là-bas sans les clarines, bien inutiles dans les prairies clôturées, et qui auraient perturbé ma sieste. 

La force de l'habitude et l'appel physiologique de la traite font que, dans un bon désordre, le troupeau tintinnabulant traverse le col pour retourner à l'étable à heure régulière vers le soir, décorant le bitume ou les pentes de généreuses bouses.

En bout de la clairière de la ferme, une large piste descend à travers une belle forêt vers la petite cime en ressaut de l'Arpiha.

Mais malgré nos efforts et du fait d'un balisage défaillant, nous n'irons pas jusque-là.

Nous devrons nous satisfaire d'une boucle improvisée,  tranquille à travers des chemins incertains ouverts par les travaux d'entretien des conifères, un peu désappointés par l'absence d'information du parcours.

Mais le chemin de retour est très agréable. Notre boucle s'est inscrite entre les balises 235 et 236 du plan, avec peut-être un raccourci en amont de cette dernière.

Nous aurons l'occasion de constater que les incertitudes du balisage sont ici fréquentes, à la différence de ce que nous connaissons dans les Alpes du nord.

Vrai spectacle pour tous les touristes attablés aux terrasses, ou pour les enfants d'une bruyante et heureuse colonie de vacances hébergée dans un bâtiment voisin ; le défilé des flancs crotteux s'effiloche sur presque une heure.

Rendues l'une après l'autre à la ferme, avec leur bel atavisme elles passent d'abord boire quelques gorgées dans un long abreuvoir, puis entrent dans l'étable pour la traite.

Le digne fermier maintenant âgé, osseux et très résistant qui en est le propriétaire, ferme lentement la marche du troupeau.

Le serre-file de la cohorte accompagné de son chien porte toute l'authenticité du pays et de son héritage.

Beau sentier à l'Arpiha, col de Turini (06)

à l'aller

Au col de Turini, l'Arpiha (06)

au retour

Le tour de la Calmette

Depuis le col de Turini,

le tour de la Calmette

Un autre jour, à l'opposé du col par rapport au circuit précédent, nous randonnons sur celui de la Calmette. Plus intéressant.

L'aller se fait à partir de superbes clairières, ombragées de très hauts sapins et épicéas, dans de beaux chemins faciles avec un peu de dénivelé, après avoir laissé à notre gauche la maison forestière et être passé sous le téléski.

Parvenus à la balise 181 (Baisse de Patronel), le retour se fait par un chemin étroit en balcon qui épouse souvent de très près le relief pentu de la montagne, monte, descend, s'accroche à la falaise parfois, franchit des ruisseaux tant bien que mal.

Plus ardu qu'on ne croyait, même si la randonnée est classée "facile" par les guides.

Tour de la Calmette, beau passage (06)

Il parvient enfin avec soulagement (pour nous, modestes randonneurs peu entraînés que nous sommes) à la balise 33 du lieu-dit "Gasta Fume" (le chat qui fume??).

Marlène lit rétrospectivement le parcours accompli.

Dans une belle et longue clairière en douce pente, nous retrouvons un splendide et large chemin forestier qui nous mène directement au-dessus du col.

Dans la dernière pente avant d'y parvenir, un chamois, ou plutôt ici un chevreuil (?) s'entraperçoit à travers la futaie. Il nous observe sans crainte à bonne distance, puis s'éloigne paisiblement. 

Au-dessus du cole de Turini

Les sous-bois sont magnifiques, avec quelques passages à travers de gros rochers et une grande diversité de relief et de configuration.

Sentier balcon du tour de la Calmette, col de Turini (06)

Plus naturel, beaucoup moins confortable que le précédent, il offre au sud-est de superbes paysages, et justifie le dénivelé annoncé d'environ 360 m, et la durée.

Préservant mon vertige, les flancs abrupts sont fournis parfois (mais pas toujours)  de conifères qui masquent les ravins.

Un sentier en balcon au tour de la Calmette, depuis le col de Turini
Sentier du tour de la Calmette (06)
Chamois, ou chevreuil au col de Turini (06)
Le tour de l'Authion

Depuis le col de Turini,

le tour de l'Authion

Un autre beau circuit, très différent dans sa flore, est celui du massif de l'Authion. On y parvient en gravissant la petite route vers le Camp d'Argent, que l'on franchit.

La route se fait alors plus étroite, continue de s'élever en balcon.

La forêt est plus rare, puis disparaît même, au-delà d'une certaine altitude.

Nous parvenons enfin en voiture au point de départ que nous avons choisi, sur une crête, nommé la cabane de Tuéis (1889m).

 

Celle-ci marque l'un des points d'entrée du Parc National du Mercantour par le sud.

Rebaptisée "cabane de Charles Alessi", ce changement de nom n'a pas manqué d'introduire un peu de confusion.

Ainsi, comme le massif est ceinturé d'un chemin bitumé carrossable (circuit rouge), pour prendre nos marques, nous en faisons le tour une première fois en voiture cherchant la cabane de Tuéis. Introuvable.

Ce n'est qu'après être revenus à notre point de départ que, renseignement pris auprès d'un habitué du pays, nous constatons que Tuéis et Alessi ne font qu'un.

Cabane de Tuéis à l'Authion (06)

Cabane de Tuéis

Après la première crête qui domine un petit mausolée à la gloire des soldats qui ont repris l'Authion lors de la dernière guerre, érigé au-dessus d'une courbe de la route, et au-delà d'une longueur de bâtiments en ruine, voici sur un mamelon, face aux sommets de l'est la redoute "de la Pointe des Trois Communes", construite en 1898, à 2080 m d'altitude.

Trapue, puissante comme un donjon redoutable, elle témoigne des combats acharnés, dans son écrin du ciel ouvert, par les innombrables impacts qui ont fracassé la pierre. 

Vue depuis la redoute

Restes militaire à l'Authion (06)

La redoute de la Pointe

des Trois Communes

A l'Authion, la redoute de la Pointe des Trois Communes

Point de vue unique, d'où, sur le versant sud, on domine la "vacherie de l'Authion", encaissée dans une vallée au-dessous de la route.

Une "vacherie" à l'Authion (06)

En l'absence de commentaires qui pourraient mieux éclairer la vie militaire dans ces bâtiments abandonnés, on devine les espaces et les volumes différenciés, les sous-sols enfouis dont l'accès est devenu dangereux, les casemates, les poudrières, les colonnes presque doriques des cheminées qui s'élèvent par-dessus les murs.

Le soin avec lequel les encadrements des ouvertures, ou ceux de modernes meurtrières ont été construits suggère de beaux efforts architecturaux.

De même, un peu plus loin, des tranchées enterrées semblent encore avoir une fonction, que l'on suppose cette fois non belliqueuse, et qu'on franchit par de petits passages jetés par-dessus.

Cet ensemble sur le site de Plan Caval est le dernier construit en 1940 ; il est fait d'une infrastructures de galeries souterraines reliées par des passages de plain-pied ou des puits.  

Le spectacle de toutes ces ruines encore robustes, auxquelles seul manque le toit, étonne et fascine, mais témoigne surtout d'une vie intense, pas si ancienne, sous toutes les saisons.

Restes de construction militaire à l'Authion

Depuis la redoute, nous descendons vers la vacherie, alors que dans cette première visite (circuit 1), des nuages s'élèvent vers nous, emplissent les vallées et étendent leur écharpe sur les pentes.

Nous choisissons de ne pas poursuivre cette fois le chemin et de rejoindre la cabane de Tuéis par un raccourci à travers les prairies de la vacherie (flèche bleue du plan).

La remontée de la pente, face à nous, qui borde la route à rejoindre, nous paraît facile.

Mélèzes à l'Authion (06)
Authion, trop raide est la montée

Une autre fois (circuit 2), nous accomplissons le circuit complet, en commençant par la même montée en crête, ne rejoignant le bitume qu'autour de la balise 150. 

Les reliefs du nord-est s'étalent en nombreuses et lentes pentes assez sèches à l'adret.

De beaux sentiers à l'Authion (06)

Venus deux fois sur ce très beau site, nous démarrons une première randonnée par le petit sentier creux de la crête que nous gravissons jusqu'au sommet, au-dessus de la petite route.

Comme depuis toute crête, les panoramas sont splendides de part et d'autre, donnant à gauche dans la montée sur une petite forêt bordant la pente.

Parvenus au premier sommet, le massif de l'Authion se dévoile dans sa majesté, tout en mamelons lents et arrondis comme reliefs d'Auvergne avec en arrière-plan les hauteurs alpines italiennes.

Ses pentes sont encore fournies de forêts de mélèzes, mais forment principalement des pâturages d'herbe épaisse.

Sentiers de l'Authion (06)

Vue depuis la redoute

Ce qui frappe et fait l'originalité du massif, ce sont en effet les ruines d'anciens bâtiments militaires, répartis sur l'ensemble de son périmètre, au-dessus de la route, ou sur plateaux évasés.

Une partie de la fameuse et très efficace (!!) "ligne Maginot".

Jusqu'à la puissante redoute repérable à distance.

Les fortification disséminées sur le lent relief sont parfois dissimulées (zone de la Forca), volontairement escamotées dans la courbe des prairies, de sorte qu'il faut s'en approcher pour les découvrir dans leur organisation de pierres de granit.

 

Un peu de la poliorcétique moderne.

Les alignements des bâtiments ont perdu leur toit mais conservent leurs murs épais et les fenêtres plus ou moins effondrées, agrémentées d'assez beaux parements de pierre. 

L'encadrement fantomatique de ces ouvertures, dans ce silence à peine balayé par le vent,  découpe les arrière-plans montagneux. Immuable contraste.

Pourtant, même à des échelles de temps très différentes, celle des oeuvres de l'homme et celle des temps géologiques qui ont fait ces montagnes, rien d'éternel, malgré les apparences. 

Vestiges militaires à l'Authion (06)
Pâturages à l'Authion (06)

De fait, inexpérience de notre part, elle s'avérera vite très abrupte, comme celle du bord supérieur d'un bol géant dont il faut gravir la pente intérieure.

Au point que, croyant suivre tant bien que mal les sentiers à peine tracés que font les vaches en broutant, nous voilà bientôt ahanant dans le brouillard, presque escaladant, nous accrochant aux arbustes, aux buissons,  à tout ce qui peut aider à monter. 

De quoi se maudire quelques instants d'avoir fait ce mauvais choix-là.

Jusque après avoir enfin rejoint l'à-plat libérateur du bitume au-dessus. 

Au "camp de Cabanes Vieilles"est là aussi célébrée la reprise par la France du massif aux Allemands le 10 avril 1945.

LE char d'assaut a été conservé et fixé sur une petite terrasse de ciment.

Camp des "Cabanes vieilles" à l'Authion (06)

Partout en tout cas, beaux panoramas vers le sud en particulier, pour un circuit dont la seule modeste difficulté est celle du départ : 180 m de dénivelé. Le dénivelé total est d'environ 290 m, et 10 m de plus quand on monte à la redoute.

A l'ubac, sapins, mélèzes et épicéas hérissent les pentes d'une superbe harmonie de couleur, dont les cônes en armée resserrée montant à l'assaut du massif.

 

La pente est si forte que les arbres semblent se pencher vers le sommet.

Sapins et mélèzes à l'Authion

Le mélèze joue les originaux, seul conifère à feuillage caduc, dont les aiguilles sont douces au toucher malgré leur apparence épineuse.

 

En cette saison d'après printemps, leur couleur est bistre clair, nuancée de roux-rosé.

Mais dans la 2ème photo, on a peut-être affaire à une maladie du mélèze ("meria" ou autre infection) qui donne aussi cette teinte.

Le sapin est d'un vert sombre et  profond.

Celui de l'épicéa prend une teinte d'un beau  vert foncé, mais plus clair que le sapin, avec des aiguilles plus dures. 

Pour le reste, entre paysages bleutés qui sont le faire valoir de chardons vigoureux, un lézard paresseux sur une murette de gros blocs de pierre sèche, quelques papillons batifolant, le charme des fleurs sauvages d'altitude et de curieuses formations géologiques en feuilleté de "frites" de schiste (peut-être le "schiste-carton" pour les spécialistes, celui qui a contenu le fameux et polémique "gaz se schiste", là complètement dégazé), rien que du très banal, ... mais de la belle montagne.

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