Au lac St-Jean, si je dis "ouananiche"...
La mer intérieure locale est ici le lac St-Jean, toutes proportions gardées quand on la compare aux Grands Lacs du sud sur la frontière (il y a facilement un facteur 10 entre le nôtre et les autres immenses lacs voisins ; voir la superposition ci-contre sur le Lac Supérieur).
Sa plus grande dimension est de 45 km grossièrement ouest-est et sa plus petite nord-sud de quelque 33 km.
On a vu qu'il est le réservoir permanent alimentant le bassin du Saguenay, et que les barrages construits à Dam-en-Terre et Alma ont encore étendu sa profondeur et sa superficie par rapport à ses dimensions originelles après la dernière période glaciaire, quitte alors à provoquer la "tragédie du Saguenay".
Ses hauts-fonds, quand on les observe depuis les hauteurs de Val-Jalbert (ci-dessous, en forçant un peu les contrastes) paraissent clairs.
Et déjà les Innus qui habitaient là, ceux de la nation des "Porc-Epic" le nommaient Piékouakami, le "lac plat" : 11m de profondeur moyenne et 63m à son maximum.
Le vaste plateau bas (100 à 180 m d'altitude en moyenne) qui entoure le lac, notamment à l'ouest est fertile. Terre d'alluvions issues de la mer de Laflamme de la dernière période glaciaire, il est considéré par certains comme "un oasis de fertilité" au milieu du Bouclier Canadien, quant à lui beaucoup moins généreux.
En cette deuxième quinzaine de septembre, on y moissonne de grands champs de céréales. Les seuls reliefs ne sont ici que l'aiguille acérée des clochers et les silos à fourrages que dressent les agriculteurs. Les fermes affichent parfois avec orgueil le nom de l'ancêtre fondateur, peut-être d'autant plus éclatant et... arrogant que l'enracinement est encore récent et la réussite au rendez-vous ; ainsi "la ferme du Clan Gagnon", sur le bord de la route 169, avec pas moins de 6 immenses silos ; de fait, c'est maintenant une énorme ferme laitière qui se visite.
D'autres, plus humbles, portent le nom du site ou de la particularité géologique locale.
Qu'ils soient menaçants, qu'ils se prélassent sous le ciel clair, ou même qu'ils le voilent d'une belle épaisseur, les nuages au-dessus de ces vastes terrains s'étirent et laissent pressentir les immenses espaces de l'Ouest canadien d'où ils proviennent et où ils se forment ; ils prennent rarement dans notre hexagone cette allure, qui se souvient ici du continent traversé.
Rude et libre appel d'un ciel sans limite.
Chaque année voit se dérouler en juillet la "Traversée internationale du lac St-Jean", le 23 juillet en 2016, du Nord au Sud sur 32 km, où les compétiteurs atteignent Roberval.
Même en n'ayant parcouru que le pourtour sud, le lac est festonnée de villages importants qui portent des noms connus dont l'origine n'est pas ce que l'on croit au prime abord.
Ainsi Chambord et Roberval, deux grosses bourgades.
Sous la Monarchie de Juillet, le nom de la première provient de celui du prétendant au trône de France Henri d'Artois comte de Chambord (l'autre Chambord, là-bas en France), quand elle fut fondée ici en 1845.
La seconde, fondée en 1859, porte le nom du premier lieutenant général des pays de Canada au 16ème siècle, Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval (Carcassonne 1500 - Paris 1561),... qui n'était pas une balance. Un huguenot dont Jacques Cartier eut du mal à supporter le joug.
L'année où en Europe Napoléon III va prendre une fameuse déculottée à Sedan face aux Prussiens (1870), ici, un immense incendie ravage la forêt boréale autour du lac ; les années suivantes, le bleuet (appelé aussi myrtille ou airelle) se développe spontanément et avec succès sur ces terrains brûlés, tirant parti des minéraux issus des cendres et devient une production florissante.
Au point même que les habitants du lac sont appelés familièrement "bleuets", plutôt que "jeannois" (habitants du lac St-Jean). L'incendie spontané est d'ailleurs ici considéré, dans ces immensités de forêts, comme un bienfait qui renouvelle la flore. Le bleuet est une flore de transition après l'incendie.
Ses rives étaient il y a 50 ans déjà difficiles à atteindre du fait des constructions estivales privées qui en interdisaient l'accès. Avec aussi le souvenir précis de transistors qui diffusait à plein pot les "tubes" US de l'époque, repris bientôt sur le Vieux Continent.
Elle semblent être plus encore barrées aujourd'hui, même si notre passage du début d'automne ne se prête pas à une fréquentation intense, et laisse croire à quelques facilités d'accès.
Sur le chemin, à la traversée des villages, ou aperçues discrètement au bord du lac, de superbes maisons dispersées, parfois belles comme d'anciens presbytères, affichent une prospérité apparente, voisinant avec des granges de fermes au pittoresque plus austère.
La période estivale voit aussi de nombreux pêcheurs venir pratiquer leur passion favorite sur le lac. Le saumon du lac, saumon d'eau douce ici sédentaire, est appelé de son nom innu "ouananiche" (qui signifie "petit saumon égaré" auquel les anglophones préfèrent "saumon prisonnier des terres", landlocked salmon). La ouananiche est aujourd'hui l'emblème de la région.
Certainement qu'on en pêche dans la rivière Métabetchouan, que l'on traverse en quittant Alma avant la ferme du Clan Gagnon vers l'ouest. Mais s'agit-il d'une rivière ou bien d'un lac? Non loin en tout cas de la mission ancienne des Jésuites établie là vers la fin du 17ème siècle.
En tout cas, la surface le matin de notre premier passage est si parfaitement calme qu'elle est un miroir absolu, comme un rêve précis, accessible. Privilège fugace, puisque nos prochains passages ne verront plus qu'une eau hérissée de vaguelettes.
La région se prévaut de deux sites remarquables, et qui le sont vraiment quand on les découvre, dans deux registres très différents, l'un relatif à la faune du pays, l'autre à son histoire du début du 20ème siècle.
Ce sont le zoo de St-Félicien et l'ancien site industriel de Val-Jalbert.
Et puis que sont devenus ceux qu'il y a 50 ans, on appelait ici encore "les sauvages", non pas tellement sur un ton péjoratif, mais parce qu'ainsi avaient été appelés par les premiers arrivants français, les indigènes du pays, les amérindiens? Notons au passage cette origine (p 58 de l'ouvrage "Les Ursulines de Québec") : "Marie de l'Incarnation et ses compagnes parlent constamment des Sauvages et des Sauvagesses, un terme technique au XVIIéme siècle pour désigner ceux qui vivent dans les bois, sans habitation fixe, habitants des forêts ou de régions forestières (de silva, "sauve" en vieux français, que l'on retrouve dans beaucoup de noms de lieux)."
Juste un instant auparavant, parmi les originales curiosités qui jalonnent les rives du lac, on rencontre cette boutique le long de la route, dont le nom ne peut manquer de susciter la curiosité, du fait du rapprochement de deux domaines habituellement bien séparés : une "charcuterie-chocolaterie".
Cette belle boutique fête cette année-là ses 20 ans d'existence. Mais n'attendez pas d'y trouver du chocolat fourré au saucisson ou du jambon persillé aux pépites de cabosse, non. C'est tout simplement l'association dans la même boutique de ces deux activités dont une partie est réservée à la charcuterie et l'autre à la chocolaterie, dans une harmonie sans fausse note. Peut-être un "dépanneur" qui s'est spécialisé?
Au Québec, mémoire à Val-Jalbert
Quasiment à mi-chemin sur la route 169 entre Chambord et Roberval, sur une hauteur abrupte, la Belle Province a voulu entretenir la mémoire de son pays et témoigner du talent, de l'opiniâtreté de ses hommes en restaurant un site industriel de production de pulpe construit sur le passage d'une haute chute d'eau. C'est Val-Jalbert.
L'ampleur du site étagé sur au moins deux plateaux, sa configuration sur le parcours de la rivière Ouiatchouan qui dégringole la petite montagne en deux superbes et puissants bonds successifs dominant le lac St-Jean, le raccourci remarquable de l'histoire industrielle et sociale québécoise qu'illustre la courte et florissante vie du village de 1901 à 1929, donnent au lieu une intensité exceptionnelle.
Comme ailleurs, par exemple à la Jacques Cartier, il faut souligner les efforts de la Belle Province pour exalter quelques pans de son histoire tout en participant avec intelligence à la sauvegarde des sites et de la flore, tout cela dans un contexte qui se heurte souvent à l'opposition de grands intérêts.
Mais tout d'abord, une vue de l'hydrographie de la région.
Val_Jalbert le village
Lac des Commissaires
Lac Bouchette
La rivière Ouiatchouan, alimentée par le lac des Commissaires au Sud puis le lac Bouchette, se fraie un passage accidenté dans le bouclier, zigzague, franchit des rapides, pour enfin atteindre le puissant rapide de la chute Maligne (49 mètres de haut).
Puis, beaucoup moins vite que les pitounes des temps anciens, nous descendons le dédale de planches de bois parfaitement construit et bien entretenu où se succèdent plateformes et volées de marches, jusqu'au plateau de l'usine en contrebas, après 400 marches faciles.
C'est aussi l'occasion de contempler la forêt du bas et le lac dans sa majesté.
Lac Ouiatchouan
Le solide bâtiment de l'usine est toujours là, au pied de la chute Ouiatchouan. C'est là que le bois était scié et transformé en pâte à papier.
Pour cela, une conduite forcée dont le diamètre passait de haut en bas de 9 à 7 m actionnait des turbines animées par la pression de l'eau dévalant les 81 m de hauteur.
Tout à la fois, l'énergie de la chute grondante animait les machines et créait l'électricité nécessaire.
La chute Maligne
La chute Ouiatchouan
Arrivés avec le petit train coloré sur le plateau de l'ancienne usine de pulpe, nous faisons le choix paresseux d'atteindre cette chute en empruntant le téléphérique. Là-haut, il faut parcourir encore un chemin de planches pour y parvenir. Le spectacle de l'énorme rapide écumant de puissance, qui hésite à peine à devenir chute est grandiose.
Les troncs coupés étaient acheminés depuis les lacs en amont, accumulés dans la retenue de flottage juste au-dessus, avant de dévaler vers l'usine en bas.
Restaurée, aménagée, mettant en exergue les anciennes machines imposantes alignées le long des hauts murs de l'immense volume, l'usine est une partie de ce musée presque vivant de Val-Jalbert, un véritable musée à ciel ouvert qui reprend les restes mêmes du village industriel originel.
Des espaces de restauration ont été aménagés au milieu sans dénaturer l'ensemble.
En contrebas, du côté de la chute, des présentations pédagogiques permettent de comprendre et d'illustrer l'histoire de l'usine et de la fabrication du pulpe, de la pâte à papier. Un spectacle projetant des animations et de courts bouts de film sur les parois de la grande salle des turbines anciennes raconte l'histoire du lieu et de la Compagnie du pulpe, souvent avec humour, toujours avec passion. Mais la sonorisation ne suffit pas à rendre compréhensible tous les textes, quand défilent et s'expriment les personnages ayant marqué la vie du village.
A l'extérieur, le vaste plateau au fond duquel subsiste un ancien bâtiment restauré offre un panorama imposant et somptueux sur l'usine et la chute.
Une minicentrale moderne a été construite dans ce contexte juste en aval de la chute, bloc noir discret destiné à s'intégrer plus encore dans l'environnement végétal ; elle pourvoit aujourd'hui en électricité et en totale autonomie l'ensemble du site de Val-Jalbert et son activité touristique.
Les habitations des personnels de l'usine, le bureau de poste, l'hôtel dont le RdC hébergeait le magasin général, l'école et les salles de classe, la mairie, toutes les composantes du village ont été restaurées, jusque même le cimetière en retrait. Les mobiliers d'origine, montrent que pendant les "trente glorieuses" de Val-Jalbert, le confort et le modernisme étaient la règle, même si la vie était régulée par la main de fer du curé Tremblay et celle du maire Fortin, lui-même émanation directe de la Compagnie du pulpe de Chicoutimi, à la tête de laquelle on retrouve ... le fameux M. Dubuc.
On ressent l'importance de l'effort de restauration quand on passe le long des quelques maisons que l'on a choisi de ne pas remettre sur pied, affaissées et en ruine, submergées par la végétation, chaos de toits et de bois là où on a laissé la nature reprendre ses droits.
Bravo donc à la Corporation du Parc Régional pour ces réalisations de restauration et l'intégration intelligente d'éléments de modernisme et de pédagogie qui, tout en respectant avec soin la reconstitution historique, utilisent les moyens naturels pour leur fonctionnement et le plaisir des visiteurs.
La représentation ci-dessous donne une vue d'ensemble du site, et localise les bâtiments principaux ainsi que la rivière et les chutes.
Au Québec, la réserve faunique de St-Félicien
Un peu plus à l'ouest, l'autre superbe point d'intérêt du lac est le zoo de St-Félicien. Vers le cul-de-sac nord-ouest du lac, il faut remonter un peu la rivière Ashuapmushuan qui là s'encaisse entre les parois de granit noir et prend des airs de rapide. Les sèches arêtes de ses méandres n'ont rien de suaves alluvions. Le cadre offre déjà en soi des paysages sauvages très représentatifs de la région.
Après avoir franchi le très bel accueil, moderne et pédagogique, le zoo se distribue en deux parties bien différenciées :
- une 1ère partie que l'on parcourt à pied sur des pontons de bois qui enserrent et dominent des espaces où vivent et cohabitent les animaux (tant qu'ils ne sont pas mutuellement prédateurs), contournant et exploitant les reliefs, monticules et vallées, ruisseaux, éléments de forêt locale pour mettre en valeur la faune ; les concepteurs semblent manifestement avoir voulu conserver sans le transformer radicalement l'intégrité topographique de la région choisie.
- une 2ème partie beaucoup plus vaste et que l'on ne traverse qu'en petit train de wagons sur pneumatiques. Sur un grand plateau de quelques centaines d'hectares (près de 800 ha au total), elle permet d'observer, derrière les larges ridelles métalliques des wagons et sur un parcours de 7 km, d'autres animaux occupant librement de bien plus grands espaces censés être représentatifs de leur contexte originel.
Le zoo se consacre essentiellement depuis 2001 à la faune boréale (celle de la partie sub-arctique, donc bien sûr de l'hémisphère nord), en faisant en sorte dans ce contexte nord-américain que les animaux y trouvent un milieu le plus proche possible de leur milieu naturel. C'est certainement là toute son originalité.
Si dans sa conception il ressemble un peu à celui de Thoiry au nord-ouest de Paris, l'impression de liberté et d'ouverture, le pittoresque et l'authenticité prévalent beaucoup plus largement ici.
... et dans l'ordre des photos les moins mauvaises, on rencontre le carcajou, puissante mâchoire et énormes pattes, disproportionnées. Il semble ne vivre que pour manger ; aussi le nomme-ton encore glouton.
Une femelle qui cherchait à récupérer dans l'étroite fissure d'une pierre un morceau de viande jeté par une soigneuse, se blesse jusqu'au sang à force d'essayer. Au point que la soigneuse retire la viande pour éviter que l'animal ne se blesse plus.
Ailleurs, enfermés dans des volières spacieuses, ou bien empêchés d'envol par quelques plumes coupées à une aile, quelques oiseaux diurnes et nocturnes, grues et rapaces,... dont les noms s'envolent.
Plus loin, sur une terrasse rocheuse se jetant dans un vaste et profond bassin dont l'une des parois est faite d'un verre très épais, un superbe ours blanc, un mâle de 950 kg, se dandine et arpente sans fin ses quelques dizaine de mètres de pierre, d'un bout à l'autre, d'un bout à l'autre, d'un bout à l'autre...Puis prend un bain et évolue dans l'eau avec la grâce d'une sylphide, chaque mouvement parfaitement adapté à la nage et au déplacement sous l'eau.
Dans un ruisseau voisin qui s'élargit grâce à un barrage de castors, des loutres fluides jouent en virevoltant, puis sèchent leurs longs poils drus.
Un raton laveur boudeur s'enroule en boule dans sa laine épaisse et daigne à peine montrer son museau pointu, pendant que de petits porcs-épics noirs (c'est le porc-épic d'Amérique) escaladent des troncs d'arbre, histoire de montrer qu'ils sont dignes des nations amérindiennes qui en ont pris le nom.
Près des loutres, des castors, sérieux et affairés prennent à peine le temps de jouer.
Un accès à-demi souterrain permet d'apercevoir leur tanière, dans une pénombre protectrice derrière une épaisse paroi de verre, à l'abri du barrage qu'ils ont construit.
Là dorment les petits et prennent une pause bien méritée les ouvriers de quart.
Dans l'herbe épaisse, non loin, un tout petit animal probablement un rongeur comme l'écureuil, mais sans la queue en panache, déguste entre ses pattes avant une baie ou un morceau de fruit qui lui a été jeté. Minuscule animal, qui se moque bien de la présence, à distance, des visiteurs.
Au pied d'une petite chute, changeons totalement de gabarit : un couple de grizzlys s'ébat gentiment dans le bassin du pied de chute en attendant le spectacle-nourrissage où la démonstratrice leur lance quelques poissons frais.
Fascinant spectacle que ces énormes animaux, dont la taille se manifeste dans toute sa dimension quand ils se dressent.
Surtout, voyons les pattes, et la longueur des griffes blanches. Quelle chair ou quelle peau peut y résister?
On a beau dire qu'ils sont omnivores...
Si le spectacle du nourrissage est intéressant, mais conventionnel et attendu, il suffit ensuite de repasser par là en l'absence de la foule et de l'excitation enthousiaste du public pour les voir vivre, jouer, s'ébattre, "pour nous seuls".
Amusant spectacle quand l'ours mâle prend un bain pattes en l'air sur le dos, genre "passe-moi le savon, oursonne!", si habitués à la présence des spectateurs, pourtant souvent très bruyants, qu'il donne l'impression de les ignorer totalement.
Ailleurs, ce sont de beaux caprins laineux à la laine immaculée et épaisse, dont la tête du mâle avec ses cornes superbement enroulées est l'incarnation de l'emblème de la marque de voiture américaine "Dodge", alors que les femelles, petites cornes pointues semblent des diablotins blancs.
Un puma (?) moucheté passe, feutré, au pied d'un rocher ; sur d'autres rochers un petit groupe de mouflons parfaitement immobiles pose comme statufié (encore du "Dodge") ; un lynx agile tente de prouver par "a + b" qu'il a le bel oeil perçant comme dans une publicité de mode.
Sur des rochers escarpés, d'un côté, bien isolés, un groupe de 4 ou 5 majestueux tigres (de Sibérie?) prennent une posture hiératique, quand un autre joue avec un bidon creux suspendu à un arbre sur lequel il se fait les griffes.
De l'autre, des singes à fourrure, la face rouge, probablement des régions nordiques (Japon?) se poursuivent avec une agilité déconcertante.
Dans la partie asiatique où nous sommes alors, aux abords d'une immense tente yourte, quelques yacks fatigués côtoient des chameaux laineux dont la bosse oscille, et un mouflon mâle aux cornes banalement démesurées.
... et après d'autres découvertes qu'il serait finalement fastidieux de décrire ici, nous voici embarqués pour les grands espaces!!!
Là défilent des parties de toundra, des paysages canadiens typiques, de petits lacs,...
De beaux cervidés, des wapitis, font l'étonné, à peine effarouchés ; ou posent avec une grande élégance dans l'herbe épaisse au pied de bouleaux.
Des ours noirs et leurs petits déambulent sans crainte sur le chemin ou dans les sous-bois d'épinettes et de bouleaux ; un grand périmètre bien isolé montre le refuge des loups dont les sentinelles patrouillent sans cesse pendant que d'autres font la sieste.
On traverse aussi de belles reconstitutions de villages anciens d'amérindiens et des premiers colons derrière des palissades dressées.
Puis un petit troupeau de bisons forcément barbichus est en train de brouter paisiblement ; aucun risque d'entendre ici le terrible grondement des immenses troupeaux d'avant, celui des grandes plaines.
Dans de larges clairières herbeuses, sortant de leurs terriers, de petits rongeurs ressemblant à des marmottes jouent. Ce sont des "chiens de prairie", car leur cri ressemble à l'aboiement du chien. De fait, ils sont cousins de nos marmottes.
Ailleurs, c'est un troupeau de ces caprins sauvages, massifs et quasiment non domesticables, les boeufs musqués au long mufle farouche, rassemblés en petits groupes très resserrés comme pour faire face à l'ennemi. Lui que les spécialistes classent dans la catégorie des "caprinés aberrants" (sic) est nommé plus noblement "l'animal dont la fourrure est comme une barbe" par les inuits, ce qui donne dans leur langue "omingmak".
On ne peut enfin manquer de chercher du regard avec une pointe d'enthousiasme l'animal emblématique du Québec, celui dont les panneaux de bord de route, parfois même mobiles et lumineux, signalent la présence possible et le danger éventuel qu'ils peuvent présenter... pour les automobilistes.
Bien sûr, le zoo est plus divers encore ; impossible d'être exhaustif, de citer toutes les espèces ; exemple, les phoques facétieux dans leur bassin de l'entrée, pas moins joueurs que leurs frères du St-Laurent là-bas.
Pourtant il faudra bien se rendre à l'évidence : pas plus d'élan que d'orignal ou de moose ; nous n'en verrons aucun ici.
Grosse déception!!!
... et quelques fiers amérindiens
sur les fraîches rives du lac St-Jean
A quelques kilomètres de là, en revenant vers l'est, sur une petite avancée de la rive sud de la rivière Ashuapmushuan, nous voici dans le village amérindien de Mashteuiatsh (nommé par les colons Pointe Bleue), que les symboliques tipis faits ici de robuste béton signalent aux passants.
Près d'une sorte d'office du tourisme se tient ce jour-là un mariage amérindien, dans un froid presque glacial ; les hommes et les femmes qui ont revêtu des vêtements modernes y semblent insensibles ; peut-être la couleur orangé des robes marque-telle l'identité de la nation d'appartenance (ilnuatsh des montagnais de la grande nation des algonquins)?
Frigorifiés, et à l'invitation du panneau qui nous souhaite bienvenue, nous nous réfugions dans le bâtiment de tourisme où de jeunes amérindiens répondent à nos questions, modernes et compétents.
L'une des boutiques d'artisanat vers lesquelles ils nous aiguillent expose et vend de beaux objets dont l'authenticité ne fait pas de doute, mais qui s'adressent plutôt aux connaisseurs, ou aux amérindiens eux-mêmes, avec toute une symbolique et une exigence un peu hermétiques pour les béotiens que nous sommes, ... et des prix assez élevés.
L'autre boutique vend des objets correspondant mieux à l'attente des touristes, mais concède forcément à la facilité et s'éloigne d'une certaine vérité ancestrale.
Il aurait pourtant fallu aussi visiter le musée amérindien que l'on dit très réputé.