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Sud Thaïlande

5- Bang Niang, marchés tropicaux et mausolée du tsunami

Pas si facile de localiser...

Autour de Khao Lak, pas si facile de localiser nos souvenirs

Les deux ou trois villages proches de notre hôtel, se distribuent le long de la route principale nord-sud, la route n°4, aussi nommée Thanon Phet Kasem.

Ici, sous la forte influence des hébergements touristiques, l’activité est intense et très besogneuse.

Ce sont des dizaines de restaurants, de boutiques à touristes, d’agences d’excursion, de toutes petites cabanes colorées qui sont des bureaux de change, quelques petits supermarchés très climatisés, des étals de fruits locaux, de grands hangars sous tôle qui sont des sortes de souks proprets tenus par des thaïs d’origine malaise…

Mais aussi de beaux marchés locaux bien organisés.

Thaïlande sud, Bang Niang, lotus de bord de route
Thaïlande sud, localisation Bang Niang

De nombreux hôtels de toutes catégories, s'égrènent le long des rues latérales qui mènent vers l’ouest à la mer. Car vers l'est viennent en butée les courtes collines rocheuses qui donnent leur nom à la région, "khao" (pour mont ou relief).

 

Celles sur lesquelles est venu s'écraser le tsunami de 2004.

Sans que jamais on ne manque d’espace ; en témoigne l’absence de continuité des façades qui ailleurs forme des rues dans notre acception occidentale.

Thaïlande sud, dans le centre de Khao Lak

Le repérage des villages sur les cartes et les plans à partir de leur seul nom est assez incompréhensible. A plus forte raison quand il n'apparaît qu'en écriture thaï.

Une fois que l'on sait que "ban" signifie maison et "mou (-ou moo-) ban" veut dire village, c'est à dire groupe de maisons, on n'a franchi qu'un bien modeste pas.

Car selon qu'on consulte Google Maps, Google Earth ou par exemple les plans Michelin et d'autres cartes encore, la localisation de Khao Lak et de Bang Niang, les deux villages qui nous intéressent, n'est pas la même le long de la route 4.

Décidons-nous de nous fier à trois critères :

- nos repères photographiques, 

- les vues (2017) de Google Street, qui doivent sans difficulté se recouper avec nos photos

- mais surtout la situation des deux villages telle qu'elle nous a été indiquée par les conducteurs de tuk tuk, les taxis, notre hôtel ou les habitants eux-mêmes.

Et mettons de côté les flous administratifs de découpage des circonscriptions locales.

A partir de ces repères, depuis le nord d'où nous venons, on rencontre Bang Niang (parfois considéré comme un quartier nord de Khao Lak) puis plus au sud, Khao Lak, avant d'atteindre ce petit promontoire péninsule où la route sinue en lacets en dominant la mer avant de redescendre  et de reprendre en retrait de la côte au sud un parcours plus rectiligne vers Phuket.

Deux beaux marchés...

A Bang Niang,

deux beaux marchés

Thaïlande sud, orchestre d'enfants à Bang Niang

Au carrefour cenral du village le long de la 4 et de ses magasins, sur le trottoir, un petit orchestre de fillettes joue avec sérieux et application des morceaux de musique. Une curieuse impression de contrainte en émane, comme si ce sérieux-là traduisait une obligation de se produire ici, en public.

Thaïlande sud, Bang Niang, motos-plateaux sur le marché

Il est spécialement orienté, devant les boutiques où se préparent et se cuisent les plats locaux, pour accueillir le soir la population, quand le soleil se couche et que la température fléchit un peu, mais plus encore les touristes qui y affluent, dans la fumée des barbecues ou des foyers de cuisson.

 

Ils s’attablent alors juste en avant de ces étals, formant de minuscules et aléatoires restaurants que l’on croirait presque spontanés.

Quitte à courir s'abriter en vitesse sous l'orage du soir.

Thaïlande sud, Bang Niang, étal de poissons encore frais sous 35°C

Certains marchands font de leur présentoir de vraies oeuvres d'art, alignant avec le plus grand soin les fritures de crevettes, les nems, les rouleaux de printemps et d'autres pannelures incrustées de pignons..

Thaïlande sud, Bang Niang, étal oeuvre d'art sur le marché central

Bang Niang se tiennent deux beaux marchés organisés en plannings complémentaires : au nord, sur un lieu-dit nommé Mun Takua, 1300 mètres avant le centre où se trouve le mausolée du tsunami, puis face à ce dernier, au coeur même du village. 

Depuis là, environ 2800 mètres plus au sud, se trouve le centre du village de Khao Lak.

Thaïlande sud, Bang Niang, cases d'un des deux marchés

Bang Niang, moins important village que Khao Lak, mais dont la vocation touristique est bien affirmée, présente l’originalité de ses deux marchés authentiques.

 

Dans celui du centre du village, ce jour-là sous un ciel de plâtre à la Giono, des étals ouverts se succèdent sous paillotte sur le sol de gravier ou de bitume, offrant une multitude de produits locaux, fruits, légumes, viandes de toutes sortes, poissons frits, séchés, grillés... et crustacés à l’infini.

Thaïlande sud, Bang Niang, marché du centre du village

Parmi les poissons, on y prépare et cuisine en particulier le fameux poisson-chat, que nos pêcheurs dédaignent dans nos rivières. Ici, très apprécié et accommodé de mille et une manière, c'est presque un mythe culinaire. 

Et la réalité rejoint la légende avec le fameux poisson-chat géant du Mékong, puisqu'en 2005, on a eu pêché un tel poisson de 3 mètres de long et 300 kg. Cette taille dans ce fleuve n'est pourtant  pas exceptionnelle.

A ne pas confondre avec le silure, malgré un peu de similitudes : des barbillons, mais pas de nageoire adipeuse ni d'aiguillon,... d'après bien sûr les spécialistes.

Thaïlande sud, Bang Niang, étal de poulpes
Thaïlande sud, Bang Niang, étal oeuvre d'art sur le marché central

Devant cette profusion de viandes et de plats préparés, si divers et si denses qu'on en étoufferait, les étals de fruits tropicaux apportent comme une salutaire, mais bien illusoire note de fraîcheur.

Thaïlande sud, Bang Niang, fruits tropicaux sur le marché central

Le plus édifiant des étals est peut-être celui des insectes grillés, hyper protéinés : criquets, sauterelles, jusqu’au ver à soie qui de fait est la chrysalide du papillon ; une fois ingéré, et sans être ténia, devient-il son ver à soi ?

On goûterait sans doute les menues sauterelles ou les petits criquets, mais les énormes papillons chrysalides, grillés et luisants de graisse sont plutôt repoussants.

Thaïlande sud, Bang Niang, un étal d'insectes grillés

L’autre marché au nord (Mun Takua) est presque hors du village, face à un petit lac le long duquel veillent en grand format la famille royale, représentée en trois effigies (le roi, peut-être son épouse, et un fils?).

Thaïlande, effigies royales rutilantes, marché Mun Takua, Bang Niang

L’étal du boucher probablement bouddhiste, avec le poulet et le porc, côtoie celui des poissons, discret, tenu par des musulmanes, tête couverte d'un fichu qui n'est pas un voile.

Les têtes de cochons pourtant hilares du premier laissent indifférentes ces dernières.

Thaïlande sud, Bang Niang, sur le marché de Mun Takua, têtes de porc goguenardes

Encore du poisson, souvent de remarquable dimension. Ailleurs, ils sont vendus par paire, à cuire, tête oblique brisée. Curieuse impression de foetus jumeaux dans leur bocal comme on en voit dans les vitrines d'expositions hospitalières.

Sur de grandes grilles, différents autres poissons cette fois grillés qui détournent du morbide et ravivent la salive. 

Règle générale sous les tropiques, les viandes sont là pour être cuites sitôt achetées : les mouches survolent les étals et la réfrigération est minimale.

Le poisson est enveloppé d'un amoncellements de glaçons qui fondent bien vite sous la chaleur écrasante du jour, et qui ne sont bientôt plus qu’un bain d’eau encore froide.  

 

En effet, sauf erreur d'observation, pas d’autre électricité que pour la lumière le soir, et une sonorisation qui répand des sortes de succès locaux assez sirupeux de crooners du pays, en attendant un grand orchestre nocturne dont la scène donne une idée de l’importance.

Nos visites de l'un et l'autre des deux marchés s'est faite vers midi, sous un soleil de plomb qui conduisait à des pauses de bouffées fraîches dans l'enceinte climatisée d'un café. 

Il semble offrir des produits plus destinés à la population locale, avec en particulier des brochettes de viande d’une grande et belle diversité, plus encore séduisante par leur présentation et les nuances de couleurs affirmées. Appétissant, mais si intenses d'épices qu'on ne s'y risquera pas.

 

D’autres brochettes semblent des mignardises très colorées qui chatoient sur les étals à côté de vastes et rustiques friteuses, parmi lesquelles des sushis comme l’annoncent des banderoles.

Ce sont aussi des plats cuisinés à emporter, un grand chaudron où mijotent des têtes au long bec, indéfinissables, de canard dépecé ou de poisson à bec?

Thaïlande sud, Bang Niang, marché de Mun Takua, fritures
Thaïlande sud, marché Mun Takua, nord Bang Niang, confiseries?
Thaïlande sud, marché de Mun Takua à Bang Niang, énormes poissons frais à la vente

La chaleur ne dépasse pas les 35°C, mais avec un taux d’humidité certainement élevé, et sans qu’on jouisse du bienfait habituel des alizés, ici souvent discrets.

Parfois, le ciel se charge, s’assombrit, se noircit très lourdement, annonciateur de pluie, voire d’orage. D’autres que nous ont dû le soir fuir leur table à tout vent pour s’abriter.

 

Mais ces pluies chaudes, qui ne préfigurent pas encore le début de la Mousson de mai-juin, sont passagères, et lâchent leurs vannes le soir pendant une à deux heures bien drues.

 

Le matin est en général dégagé, ou reste tout au plus un peu voilé.

Mausolée du tsunami

Bang Niang, où est un mausolée du cataclysme de 2004

Les ravages locaux du tsunami de 2004

La région de Khao Lak a été détruite à 80% par la vague terrible et 3000 personnes y périront, 4500 quand on élargit la zone au district de Phang Nga.

 

Elle est celle qui a payé l'un des plus lourds tributs à la catastrophe. A peine masquée de l'épicentre par le nord de la péninsule de Sumatra, elle a été la région de Thaïlande la plus proche de celui-ci, la plus exposée, et a pris de plein fouet la vague meurtrière.

Entre 9h et 10h ce matin du lendemain de Noël 2004, les touristes achèvent paisiblement de prendre leur petit-déjeuner et les thaïs ont commencé leur journée de travail.

D'abord, étonnement et incrédulité, la mer se retire très loin, jusqu'à 1 km dit-on, libérant une immensité de sable ; certains curieux avancent amusés ou  stupéfaits vers ce grand vide silencieux, pendant que, pressentant la menace, les animaux fuient vers les hauteurs.

Là-bas à l'épicentre, dans l'immense fracture tectonique qui a cédé s'engouffre la mer, qui la comble à vitesse vertigineuse, créant une gigantesque surpression hydraulique, suivie d'une sorte d'effet rebond, l'onde choc qui se lance à la vitesse de 800 km/h. De 50 cm au milieu de l'océan, arrivant vers les côtes où le plancher de la mer remonte, si sa vitesse est freinée pour se limiter à 50 km/h, la vague ainsi créée atteindra jusqu'à 35 mètres de haut en frappant Sumatra.

Pénétrant par la latérale, après avoir franchi un bras de ruisseau, nous voici sur le site où le bateau militaire "813", 20 mètres de long et quelques tonnes a été projeté, puis conservé intact pour témoigner.

De petits étals voisins vendent toutes sortes de produits locaux d'artisanat.

Revenant à deux pas vers le sud, un mausolée moderne a été érigé en mémoire des victimes du cataclysme.

carte du tsunami de 2004
Thaïlande sud, Bang Niang, autre stèle-mausolée pour le tsunami de 2004

Pour un tel phénomène, si peu fréquent que la mémoire des générations l’oublie, la situation était certainement inédite et dramatique.

Pourtant, la petite île indonésienne de Simeulue, très proche de l'épicentre, n'a eu à déplorer que quelques dizaines de victimes, contrairement à Banda Aceh par exemple.

Les autochtones connaissaient en effet  très bien les signes précurseurs :  gros séisme, mer qui se retire, fuite des animaux... Il se trouve en effet que l'île avait déjà été touchée en 1907 par un tsunami qui avait fait ici 1800 morts. Ce souvenir s'est transmis de génération en génération, ce qui explique un bilan très limité.

Dans cette région instable du monde, on peut comprendre que les mémoires collectives, à défaut des datacenters d'aujourd'hui, peinent à se souvenir par exemple du tsunami de 1883 provoqué par l'éruption du volcan Krakatoa entre Java et Sumatra, et qui avait fait 36000 morts.

Mais le monde et la région auraient dû au moins  tirer la leçon des trois tsunamis de juillet 1998,  provoqués par deux séismes sous-marins à l'origine de plus de 2000 morts sur la côte nord de la Papouasie Nouvelle Guinée.  

Thaïlande sud, Bang Niang, panneau d'évacuation en cas d'alerte au tsunami

De l'autre côté de la route, qui à la traversée du village est à double voie par sens, une stèle marque l'accès vers la mausolée du tsunami.

La mention de "parc" du mémorial est disproportionnée par rapport à l'ampleur réelle du lieu de mémoire.

Thaïlande sud, à Bang Niang, stèle en hommage aux victimes du tsunami de 2004

Donc 20 à 30 mn après le retrait de l'océan à Khao Lak, de fortes vagues, comme celles d'une improbable tempête sous un ciel pur atteignent la côte.

Puis il se passe quelque chose à l'horizon, qui s'épaissit, grossit uniformément  Un mur d'eau arrive, dont on ne sent que trop tard  l'irrésistible force.

On dit que le bruit est celui d'un "avion de chasse à l'atterrissage".

Sur une profondeur de 2 à 3 km, depuis la côte jusqu'au pied des petits monts d'est,  maisons, hôtels, restaurants, tout est submergé, souvent détruit, la route 4 inondée. Les êtres vivants sont emportés, projetés, fracassés, broyés comme tous les objets mobiles même lourds.

Le mur d'eau va s'abattre ici pendant environ 1h entre 10 et 11h.

C'est aussi ainsi que le bateau militaire "813" qui protégeait la visite sur une île de la fille du roi d'alors (dans le "Flora Resort" étaient "son altesse royale Ubolratana Rajakanya Siriwaddhana Phannawadee", son fils et ses filles) à un mille nautique au large se retrouve emporté comme un jouet et finalement drossé au pied de la colline, à 2 km à l'intérieur des terres.

NB- Pourtant, seul son fils, autiste, présent sur le site semble avoir succombé au tsunami à l'âge de 21 ans.

Les saisissantes vidéos prises du phénomène montrent la poignante cruauté de l'inconscience : certains touristes, dont on aurait pu être, filment paisiblement, puis, ressentant soudain la menace sans pour autant en comprendre  la cause, fuient tant bien que mal, souvent des enfants, certains finalement happés par la monstrueuse vague. D'autres contemplent médusés le cataclysme du haut de leur chambre, dans leur hôtel qui y résiste.

Tous les efforts pour replanter, reconstruire, ont porté leur fruit, puisque la région bénéficie d'un boom touristique remarquable. Lors du 10ème anniversaire de l'événement, 11 milliards d'euros avaient été collectés.

Thaïlande sud, Bang Niang, bateau militaire projeté sur les terres par le tsunami de 2004, témoignage

Malgré le lyrisme du groupe, on aura préféré au Sri Lanka, également touché par ce tsunami, la maison musée très modeste, juste au nord de Hikkadua, où s'affichent en une longue et intense  litanie d'une pièce à l'autre les terribles photos du cataclysme, dans une mise en scène minimale qui donne avec quelques commentaires essentiels, plus de force à l'émotion. 

Un musée moderne que nous ne visiterons pas présente l’histoire du cataclysme, ses terribles conséquences.

Sur le sable, en fond de plage de Khao Lak, drossé contre la rive entre les énormes têtes rasta que font les souches de palmiers couchés, un témoignage probable des bouleversements du tsunami de 2004.

 

Il s'agit au sol d'un bloc de pierre taillée arrivé là, portant des inscriptions en langue thaï.

Peut-être était-il fixé sur la façade d'une maison ou a-t-il été arraché d'une tombe?

En tout cas, les panneaux indiquant la direction à prendre pour évacuer les lieux en cas d'alerte au tsunami sont bien apparents.

Les refuges sont soit des hauteurs naturelles voisines, soit des sortes de miradors sur hautes échasses érigés spécialement, dont on peut espérer qu'ils résisteraient aux coups de boutoir de la prochaine grande vague.

Thaïlande sud, centre de Bang Niang, belle maison délaissée

Ce qui apparaît comme le coeur même du village est une place carrelée à grands damiers diagonaux, décorée ostensiblement d'une fontaine.

Là, en retrait de la rue se tient un grand bâtiment climatisé qui est un petit super marché.

La place est encadrée de bâtiments récents, peints de vives et amusantes couleurs, entre lesquelles un violet cru apporte presque une tonalité violente.

Tropicaux tropismes chromatiques : où qu'on aille sous ces latitudes, les couleurs des bâtiments sont vives, mais on le voit ici s'inscrivent dans des harmonies différentes. Le charme de la palette caraïbe, malgré les libertés qu'elle prend, se distingue des contrastes colorés d'ici même.  

En allant vers le centre de Bang Niang, une galerie sous arcades semble désaffectée. Des marches accueillantes pour un petit casse-croûte.

Thaïlande sud, Bang Niang, une place pimpante
Thaïlande sud, une place au centre de Bang Niang
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