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Colombo, trépidante métropole

Sri Lanka

Colombo, trépidante métropole contrastée

Sri Lanka,

enfin bientôt, la "capitale", Colombo.

Le temps de trajet depuis Hikkaduwa vers Colombo reste forcément plus court que pour aller à Kandy, et permet de mieux tirer profit d'une journée de visite, même si cette fois nous n'empruntons pas l'autoroute.

 

On reste cependant un peu inquiet du souvenir de l'arrivée à l'aéroport : si on avait évité la ville même de Colombo, d'importants travaux obligaient à des détours longs et compliqués même en pleine nuit pour atteindre Hikkaduwa.

Ce qui au prime abord ne peut laisser le meilleur souvenir de la grande agglomération.

Comme pour d'autres sites à visiter, les points d'intérêt sont traditionnels : deux grands hôtels anciens et prestigieux, la ville moderne et ses constructions de tours gratte-ciels, le grand temple bouddhiste, le mausolée à la gloire de l'indépendance de 1948... mais aussi le quartier ancien de Pettah.

Sri Lanka, un énorme stûpa à Kalutara

Avant Colombo, un gigantesque stûpa se profile en arrière-plan d'un grand axe de trafic urbain, à l'entrée de Kalutara.

Puis sur la route, d'autres petits temples reproduisent le motif "en vagues" de celui de Kandy. Et toujours cette sereine ferveur.

Sur le chemin, de très beaux temples

Sri Lanka,

sur le chemin vers Colombo, de très beaux temples

La route qui mène à Colombo est parsemée de temples de tailles très diverses, dont certains méritent d'être cités (voir ci-contre et ci-dessous).

Outre ceux à l'éclatante couleur blanche qui arborent des murs d'enceinte "en vagues" et des stûpas plus ou moins importants, celui de Bellanwila, 16 km au sud de Colombo se particularise par son architecture démarquée évoquant peut-être l'influence européenne, et sa couleur ocre clair (ci-dessous).

Sri Lanka, une croix incongrue perdue au milieu des cultes bouddiques

Barré de fils électriques et téléphoniques, en voilà un autre que domine un haut bouddha de brique vers Panadura.

Dans cette imprégnation de la religion bouddhiste, une petite niche abrite la Vierge chrétienne.

Tout contre, une sorte de stèle surmonté d'une croix est drapée d'un bandeau mauve à la manière des petits autels bouddhistes à un carrefour.

Rencontre presque incongrue, au point de mériter d'être citée (ci-contre à gauche).

Hôtels de luxe des origines

Colombo, Sri Lanka,

hôtels de luxe de l'époque anglaise

Parvenus à Colombo, la visite du plus ancien et fameux hôtel de la capitale est incontournable pour les tours-opérateurs.

Il s'agit du Mount Lavinia Hôtel (photos ci-dessous), dont le premier bâtiment fut le palais du second gouverneur du Ceylan britannique, dès 1805.

Il devient un hôtel quand la création de la 2ème ligne de chemin de fer vient passer tout près, en 1877.

Vieil hôtel de luxe à Colombo, Sri Lanka
Colombo, Sri Lanka, un hôtel de luxe, ancien palais de gouverneur

Bien sûr c'est le luxe dans le parfait style britannique, pas le clinquant ostentatoire "à la Trump".

Depuis le premier hôtel, la vue au loin au bout de l'immense baie s'ouvre sur la partie moderne de la ville et ses grands buildings, au pied desquels se trouve en revanche le plus ancien quartier, celui du Fort et du Pettah (voir ci-dessous).

Un autre hôtel lui fait la pige, le second que nous visitons, le Face Galle Hôtel (ci-dessous), l'un des plus anciens aussi du Sri Lanka, mais construit en... 1864 seulement, au sud immédiat du port et du Fort.

Célébrités, luxe, mais pas d'autre rêve que le regard qui s'échappe sur la mer au-dessus de l'allée verte, la promenade prestigieuse qui lui a donné son nom, Face Galle.

Colombo, Sri Lanka, autre hôtel de luxe, marbres et vue sur l'horizon

Mais rêver un peu en passant nous suffit ; sans faire la fine bouche, ce luxe feutré en vase clos en rien ne suscite l'envie d'y séjourner. 

Pettah, un quartier populaire central

Colombo, Sri Lanka,

Pettah, un quartier populaire central

Nous avons voulu visiter de manière indépendante sur l'heure du repas le quartier populaire autour du marché et sa tour-horloge, celui de Pettah. Ce qui nous a valu de notre guide chauffeur un mouvement de tête latéral alternatif très répété, signifiant sa muette désapprobation, ou au moins nous enjoignant à la prudence.

Ce jour-là, la plupart des magasins sont fermés, sauf dans la principale rue piétonne.

Voici certainement un exemple de la "vraie vie", entre les artères commerciales denses, l'une très large pour le trafic, la "Main Street", l'autre piétonne qui lui est perpendiculaire, sous un soleil de plomb.

Sous une toit incurvé fait d'une sorte d'éverite (?) transparente, presqu'une verrière, dont on connaît les vertus isolantes, un marché ; mais il n'abrite rien d'autre qu'un amoncellement organisé de tissus et de vêtements à la vente.

Par de rares et trop légères bouffées, un vent marin tempère un peu l'air ambiant. 

Sri Lanka, Colombo, la "Main Street" fourmilière
Colombo, Sri Lanka, un temple hindouiste

La richesse des couleurs, des décorations, des sculptures, où les dieux, à part Ganesh, sont tous moustachus, les personnages bien représentés dans une attitude toujours différente, émerveille par la précision des sculptures, l'harmonie et le chatoiement des couleurs.

Surabondance des personnages, nécessité apparente de remplir l'espace ; la culture hindouiste ne pêche pas par excès de sobriété.

 

Mais le résultat est remarquable et ne peut manquer de frapper le passant.

Sous des latitudes presque symétriques, la côte est de l'île de la Réunion expose ses plus modestes temples avec autant d'(hyper)expressivité.

Historiquement le quartier de Pettah était le coeur du vieux Colombo.

Sri Lanka, Pettah, quartier de Colombo
Colombo, Pettah, une halle fournaise sous éverite(?)

Dans un restaurant presque sans touristes, mais très fréquenté par les habitants, j'avale un riz avec un pilon de poulet maison, assez goûteux mais très épicé. On m'explique que celui-là ne contient que du piment doux. Mais un autre à côté du "vrai" piment... 

Tous les repas se prennent à bon rythme et la clientèle défile, choisit son plat et consomme.

On ne mange le riz qu'avec les doigts, c'est la coutume du pays ; on se lave les mains dans un lavabo accessible à tous dans la salle de restaurant. J'ai droit, car on reconnaît sans peine les touristes, à des couverts que je n'ai même pas besoin de réclamer.

Tout cela pour quelques dizaines de roupies. Marlène a amené sa propre nourriture. 

Un (autre) beau temple hindouiste

 

Recherchant l'ombre le long des trottoirs, soudain, émergeant au-dessus du toit des autres immeubles, voici en pleine ville la pyramide d'un temple hindouiste, dont les pentes aiguës sont littéralement couvertes de personnages multicolores. 

Pourtant, il semble n'être pas le même que le temple plus important (ci-contre) entrevu depuis une artère décalée en venant vers Pettah, celui de Sri Kailawasanathan Swami Devasthanam Kovil.

On dit que ce dernier est le plus ancien et le plus grand temple hindouiste de Colombo.

Dédié à Shiva et Ganesh, il déborde de personnages peints, dieux et déesses, dans une représentation qui illustrerait une carte astrologique.

 

Colombo, Sri Lanka, un beau temple hindouiste

Puis une (autre) étonnante grande mosquée

Dans l'une des rues transverses, le regard est capté par un  haut et très remarquable bâtiment, dont les couleurs rouge et blanche dessinent de superbes motifs sur les murs extérieurs, les colonnes, autour de toutes les ouvertures souvent monumentales.

C'est l'arcature des fenêtres en arc brisé qui permet d'identifier la nature du bâtiment : une grande mosquée, qu'on appelle "la Mosquée Rouge"... forcément.

Son nom est "mosquée Jami Ul-Alfar".

Elle a été achevée en 1909, et s'inscrit dans un mouvement architectural de l'Inde britannique de la fin du 19ème siècle.

En l'absence de minaret, le style croise les inspirations hindo-islamiques, néo-gothique et victorienne. Un peu comme un Alhambra de délire, à l'arrogance verticale. 

Le résultat est étonnant, harmonieux et parfaitement original.

Colombo, Sri Lanka, façade de la mosquée Jami Ul-Alfar
Colombo, Sri Lanka, minaret de la "Mosquée Rouge"

A 14h, nous rejoignons notre chauffeur, presque étonné de nous retrouver à l'heure dite, et indemnes.

Il a bien tenté mais en vain de chercher un peu d'ombre pour notre voiture, dans le grand parking de poussière voisin.

Colombo la moderne

Sri Lanka,

et maintenant le Colombo moderne

Depuis 1980, Colombo n'est théoriquement plus la capitale du Sri Lanka, même si elle en reste la capitale économique.

 

La capitale administrative est Sri Jayawardenapura, qui n'est rien d'autre que l'ancien nom de Kotte, juste à 15 km au sud-est de Colombo. 

Mais l'inertie de l'histoire et la puissance économique du port de Colombo ont presque eu raison de cette décision pourtant toujours en vigueur. En effet, la plupart des grandes institutions nationales sont restées dans Colombo.

Et depuis l'étranger, connaît-on et saurait-on prononcer aisément le nouveau nom de la vraie capitale? Peut-être est-on passé à côté de l'objectif de 1980 en ne retenant pas le nom ancien de Kotte?

 

 

En tout cas, la ville moderne (de Colombo) nous attend, au nord de la grande agglomération, avec ses hautes tours de bureaux et d'habitation, encore en chantier dans cet espace plus vaste et moins dense.

A la dimension de la capitale, il fallait un super symbole bouddhiste.

En l'occurrence, c'est cet immense stûpa sur échasse , visible de loin, comme un enfant géant qui enjambe la Chaithya Road et, amusé, se pencherait sur elle, les mains sur les genoux.

Construit vers les années 1960, il est appelé "Buddha Jayanthi Chaithya", en référence à une grande fête bouddhique, et marque l'entrée du port.

Depuis une terrasse proche du cul-de-sac du port, on aperçoit de grands chantiers de contruction de hautes tours, en cours ou en voie d'achèvement.

L'une d'elle est un très haut cylindre qui s'épanouit à son extrémité en un renflement en forme d'épi. Encore en aménagement à l'extérieur, c'est la "Tour Lotus" sur la rive est du lac Beira.

Colombo, Sri Lanka, au moin la Tour Lotus, en construction

Sur l'A2 qui traverse nord-sud la ville en longeant  la côte, le centre ville déploie ses grands immeubles de part et d'autre des voies.

Même si elle s'apparente à une autoroute urbaine, elle n'exclut pas pour autant les tuk tuks qui parviennent toujours à se frayer un chemin.

Les publicités, la diversité des hauteurs d'immeubles, leur couleur donnent à la ville un cachet moderne tout à fait comparable à celui des grandes cités US par exemple.

Plus à l'est, devant le parc Viharamahadevi, voici l'Hôtel de Ville, construit en 1928 à la manière du Capitole à Washington.

Colombo, Sri Lanka, l'hôtel de ville, manière Capitole

Sous le péristyle, chacun vient célébrer avec enthousiasme cette étape d'une nouvelle identité nationale et refondatrice.

Les enfants sourient et jouent entre les piliers, dont la perspective conduit dans l'axe de ce qui semble être un vaste palais blanc. C'est le bâtiment nommé "Arcade Independance Square" , qui accueille le Conseil de la Province de l'Ouest dans laquelle nous sommes. 

Non loin, un immense édifice d'architecture ouverte comme celle d'un stade moderne.

Notre guide chauffeur indique qu'il s'agit de quelque chose comme un.centre d'exposition d'art.

C'est effectivement ce qu'on appelle le Nelum Mahinda Theatre, auparavant le National Performing Arts Theatre, qui achève d'être construit en 2011, sur la proposition de la Chine.

Celle-ci doit donc avoir financé le projet. Elle le fait souvent dans les pays ou les régions du monde où elle considère que sont ses intérêts économiques et stratégiques, par cette sorte de réalisations d'architecture originale (ex le stade de foot de San Jose au Costa Rica) ; ici le prétexte est aussi culturel.

L'architecture s'inspire de l'Etang du Lotus (Nelum Pokuna), édifice du 12ème siècle à Polonnaruwa. Il a la forme d'une fleur de lotus stylisée à huit pétales.

Colombo, Sri Lanka, un colossal stûpa vers l'entée du port

Ailleurs, deux puissantes tours carrées jumelles se dressent comme deux noirs donjons et font écran au soleil.

Plus loin, un architecte innovateur fait construire deux tours voisines, l'une d'une verticalité habituelle, l'autre de hauteur comparable mais dont le profil courbe s'incline vers la première qui semble comme un tuteur (admirez le reflet!).

Dans notre hâte permanente, nous ne verrons même pas deux autres hautes tours jumelles de 152 m, le Wordl Tade Center local

Colombo, quartiers modernes et l'autoroute urbaine

Non loin à quelques centaines de mètres au sud-est a été érigé le Mémorial de l'Indépendance, pour célébrer cet événement déterminant du 4 février 1948.

Notre vénérable chauffeur nous dit à quel point il porte en haute estime celui qu'on nomme ici "le père de la nation", le 1er Premier Ministre de l'Etat indépendant du Sri Lanka, Don Stephen Senanayake.

Son intelligence devait être remarquable, si on la mesure -dit-on- à l'aune de la taille des oreilles.

Le mémorial est construit sur le modèle du palais royal des audiences du dernier royaume de Kandy (Magul Madiwa), celui où le dernier roi et les représentants de l'Empire britannique signent en 1815 la soumission du premier aux seconds. 

Il abrite un musée en sous-sol.

Colombo, Mémorial de l'Indépendance
Colombo, Sri Lanka, un lieu d'exposition financé par la Chine

Les principaux sites évoqués plus haut sont indiqués dans le plan ci-contre, ce qui permet de les situer notamment par rapport au port au nord.

On a coutume de localiser le centre de la ville au point ici indiqué par    .

Le port de Colombo, alors hollandais,  vers 1680

Ci-dessous encore une autre illustration du port par le hollandais Johannes Kip vers 1680.

On reconnaît sur la carte ci-contre datant de 1807 le quartier de Pettah autour du port. Il est l'un des plus anciens de la ville, avec le Fort immédiatement au sud du cul-de-sac du port.

Dans notre déambulation en voiture, d'autres beaux bâtiments institutionnels se dressent, la plupart issus de l'époque britannique, parfois face à la mer comme le "Old Parliament Building", (ci-dessous), construit en 1930 dans un style néo-classique, qui abrite aujourd'hui l'Administration présidentielle.

Bien dissimulés derrière une végétation épaisse, les blancs immeubles et les spacieux jardins du Palais présidentiel, la résidence du Président, la "President's House" se situent juste au sud du port et dans l'axe de l'avenue qui conduit à Pettah.

A l'arrière sur le front de mer, le phare de Colombo a été bellement restauré et mis en valeur.

Colombo, Sri Lanka, le "Vieux Parlement"

Deux rues plus à l'est, un vaste immeuble de brique rouge affiche "Cargills Ceylon Limited".

Au centre du Fort de Colombo, c'est un ancien grand magasin d'import export, aujourd'hui siège (?) de la Compagnie du même nom.

 

Le bâtiment fut d'abord la résidence  du premier commandant militaire hollandais de Galle (quand celle-ci se développait avant Colombo) puis celle du premier Gouverneur britannique de Ceylan.

Colombo, Sri Lanka, où modernité et tradition se côtoient

Parmi le parc très japonais et sud-coréen des voitures, voire indien, puisqu'on trouve assez fréquemment la marque "Tata", en voici une qui détonne, non pas tant par la modernité ou le design, mais par la marque : une Renault, mais oui, perdue au milieu de cette île.

Mais une version probablement exclusive de cette région du monde, encore inconnue (?) en France, une "Kwid"... Nouvelle version low-cost de Renault fabriquée d'abord en Inde, ici voisine, puis dans d'autres pays du monde hors l'Europe.

Colombo, Sri Lanka, le phare en front de mer

Depuis leurs étages de vertige et de verre, les employés cravatés des open spaces climatisés, les femmes d'entretien qui passent leur appareil à cirer le marbre du sol déjà miroir, aperçoivent au sol, si bas, entre quelques palmiers et des hibiscus un sarong blanc qui balaie avec une légèreté méthodique le sol de terre battue de l'entrée de sa maison, presque une case, ou celui de son échoppe au toit de tôle ondulée, à côté des tuk tuks tout endormis de chaleur moite. 

On croise un probable pêcheur (la mer est à deux pas), hilare, qui porte sur l'épaule un fléau aux extrémités duquel sont suspendus deux plateaux plats de poissons séchés.

De plus en plus rares dans ce quartier, des îlots de la vraie vie subsistent encore entre les tours, restituant un peu de l'identité ancienne mais encore bien présente du pays, dans ce qui ressemble plus à une harmonie entre les deux mondes qui se côtoient, qu'à une opposition tendue.

Grand Temple de Gangaramaya

Sri Lanka, Colombo,

Grand Temple Gangaramaya

Quelques 300 mètres à l'est du lac Beira, ce temple bouddhiste est l'un des plus importants de Colombo. Il date de 1885 et a été fondé par le moine Hikkaduwe Sri Sumanagala Nayaka Thera (1827 à 1911).

Celui-ci est l'un des pionniers du mouvement de réveil du bouddhisme cinghalais au 19ème siècle.

 

Le temple est composé de plusieurs bâtiments dont l'architecture fait appel aux différents styles sri lankais, thaïlandais, indien et chinois.

Les spécialistes y retrouvent l'organisation typique des temples bouddhistes avec le temple principal, une pagode, un arbre sacré symbole de l'éveil spirituel (bodhi tree) et une salle d'assemblée pour les moines.

Le temple fut édifié pour accueillir un très riche moine, Don Bastian.

Don Bastian (de Silva Jayasuriya Goonewardane, Mudaliyar), célèbre armateur du 19ème siècle, achète le terrain marécageux à trois Maures dans l'environnement du lac naturel voisin, et l'assèche (pas le lac, le terrain acheté) à grands frais.

On note l'emprunt portugais "de Silva"dans le nom complet de l'armateur, qui illustre le passage des premiers conquérants européens. 

Colombo, un éléphant joueur, gardien de temple

Notre impression, pour cette visite encore rapide, est celle d'une accumulation de bâtiments, de bouddhas, de stûpas, de statues de toutes sortes, un capharnaüm ou un souk d'Asie, qui est aussi musée.

Très spectaculaire, mais enserré depuis longtemps dans une zone urbanisée.

Un temple par conséquent trop dense, sans la respiration plus sereine ni l'ampleur de celui de Kandy.

Par contre, la visite du temple bouddhiste voisin qui forme une petite presqu'île sur le lac n'est pas incluse dans notre mini-circuit. Dommage donc, nous ne verrons pas le Seema Malaka.

La richesse, la qualité et la valeur esthétique des statues d'éléphant, de guerriers chinois, des bouddhas en toutes sortes de positions, des stûpas, des cornes d'ivoire, sont certainement considérables.

Bouddha assis au grand temple Gangaramaya de Colombo

Dans une cour arrière vaste comme un patio trop plein, sur une sorte de scène en gradins élevés sont alignés un grand nombre de bouddhas sombres, impressionnants, de style thaïlandais. 

"Les statues de bouddha sont placées sur les différents niveaux afin de créer une atmosphère de spiritualité" dit le site http://www.exploresrilanka.lk".

On dit que le regard, qui se porte forcément vers le haut et au-delà, accueille ainsi le ciel, au-delà des gradins.

Ailleurs c'est un grand gong minutieusement décoré.

Colombo, Sri Lanka, petite pagode et bouddha blanc, temple de Gangaramaya

Juste en retrait sous le genou gauche du premier, un bonze très réaliste est statufié ; peut-être celui qui est à l'origine de la fondation du temple?

Dans l'espace voisin veillent de très réalistes groupes sculptés ; un éléphant en vraie grandeur, un énorme paon stylisé, portant une sorte de bouddha multibras qui s'adosse à sa queue épanouie.  

Beau capharnaüm dans le temple Gangaramaya, Colombo

D'autres pièces en ce dédale abritent de grandes longueurs de vitrines montrant une infinité d'objets plus ou moins sacrés.

Leur valeur vénale et historique doit être grande, mais ils sont si nombreux et si divers qu'ils sont plutôt l'affaire de spécialistes, d'historiens ou d'experts.

Leur valeur esthétique, la seule à laquelle nous autres, ignorants, pouvons être sensibles est manifeste. Mais il y faudrait des heures pour en apprécier toute la beauté.

La plupart résultent d'offrandes des pèlerins, qui ont voulu se particulariser au-delà des fleurs de lotus, et obtenir plus singulièrement la bienveillance du bouddha.

Etymologie sommaire du nom de Sri Lanka

 

- Sri :

"Sri" est un titre de vénération donné aux dieux hindous et issu du sanskrit. Il signifie prospérité, porte-chance. Puis, avec le temps, "Sri" est devenu un terme honorifique courant, donné au sage, au gourou (le maître, le professeur).

Mais il peut aussi qualifier un objet honoré, sacré. En Inde aujourd'hui, "Sri" est utilisé dans le sens de « Monsieur ». Son équivalent féminin est "Shrimati". On peut le traduire également par Seigneur.

Dans un sens élogieux, il est souvent traduit par « vénérable », « prospère », « saint », « brillant »...

 

 "Sri" peut être accolé au nom d'États ou de villes, comme dans Sri Lanka, SriKsetra, Sriwijaya, Srinagar.

- Lanka :

"Lanka" est le nom sanskrit ancien de l'île, avant "Ceylan", et signifiait "l'île où l'on obtient le bonheur", "l'île fortunée".

- Sri Lanka :​

Depuis donc 1972, l'ancien nom de Ceylan a été remplacé par Sri Lanka. Que de qualificatifs accumulés, "la sainte île fortunée", ou "l'île sacrée du bonheur"!... 

Bien sûr verdoyante, luxuriante, généreuse, l'île aux matins d'or, imprégnée de la culture bouddhiste et de la recherche de la libération des contingences terrestres, l'île qui se hâte fluidement,

... une fois qu'on a escamoté la mousson (200 morts, des dizaines de milliers de déplacés à cause de glissements de terrain, deux mois après notre visite), les tsunamis, les terribles anciennes guerres intérieures, les inégalités encore présentes.

Sur ce parking de terre battue où nous garons le véhicule, un bel éléphant, crâne poilu, attaché par une corde à grand mou, mange des feuilles de palmiers jetées au sol qu'il prend délicatement avec sa trompe. De son oeil intelligent, presque moqueur, il observe  "les couillons de touristes" qui passent là, une oreille en rabat coquet.

Passé les étals de rue qui vendent les offrandes pour les pèlerins, une sorte de gazon synthétique est le passage obligé.

C'est là qu'on se déchausse avant d'entrer dans l'enceinte du temple ; la peau délicate de la plante des pieds occidentaux s'accroche et est mordue par cet inconfortable tapis.

A l'extérieur, les murs sont décorés de grands panneaux de fresques en bas relief, de ce qui semble être du cuivre ou du laiton, illustrant dit-on les huit vicissitudes, ou les huit chemins de la vie.

Colombo, Sri Lanka, les huit chemins de la vie

Le temple est de fait constitué d'un monastère (Vihara), d'une pagode (Cetiya),  de la Maison des Images (?) pleine de statues colorées de bouddha (Vihara Mandiraya), des gradins de bouddhas, de l'arbre sacré (Bodhi Tree), de la Chambre de la Relique, d'une bibliothèque et d'un musée.

 

L'entrée (qui semble donc être le Vihara Mandiraya) sous un toit très haut s'orne d'un grand bouddha assis très vénéré, d'un autre très haut bouddha debout près de la porte et en avançant dans la profondeur du bâtiment d'autres bouddhas encadrés de statues.

 

L'ensemble, extrêmement décoré, chargé de dorures, malgré une belle harmonie de couleurs, donne une impression très kitsch, un peu à la manière de l'intérieur de certaines églises baroques portugaises, par exemple à Porto, quand les Portugais, déjà eux, ramenaient des monceaux d'or depuis le Brésil (voir la "talha dourada").

Notre chauffeur est aux anges ; il peut se livrer sans retenue à ses discrètes dévotions et à ses prières.

Colombo, Sri Lanka, grand bouddha debout, temple de Gangaramaya

A côté un superbe et imposant stûpa élégamment décoré se jumelle avec une sorte de petite pagode, la Cetiya, aux couleurs sobres abritant un autre bouddha blanc assis. Les piliers sont magnifiquement décorés, notamment de dragons.

 

Sur l'un des côtés à l'extérieur, un autre bouddha en majesté, totalement doré, surplombe un plateau d'offrandes, des fleurs de lotus.

Bouddha d'or et stûpas au m^me grand temple de Colombo

Sous un toit haut, une sorte de stûpa tout d'or étincelant, surmonté d'une décoration en plateaux décroissants ou en spirale, est protégé derrière d'épaisses vitres.

Très efficace et redoutable gardien chassant les démons, temple de Gangaramaya, Colombo

Mais il est certain que notre culture, que lasse peut-être cette hyper représentation, ne doit ni négliger ni masquer toute la valeur éducative de ce grand temple, pas seulement pour les moines ou les apprentis moines, mais aussi pour toute la jeunesse locale. 

Au total à la sortie, on finit malgré tout par éprouver une sorte de soulagement en quittant cette profusion, cette richesse d'or, d'ivoire, de couleurs, cette accumulation, extraordinaire jusqu'à l'excès.

D'autres représentations guerrières ou redoutables, majestueuses ou d'expression menaçante ou courroucées s'illustrent à l'entrée et dans le temple, à la manière des sculptures traditionnelles asiatiques.

Ils sont en fait les gardiens du temple qui éloignent mauvais esprits et démons.

Colombo, temple Gangaramaya, et ses redoutables gardiens

On se prend même à rêver de la sobriété des formes, de la recherche épurée des décors du grand voisin du nord, la Chine avec le  mouvement "feng shui", repris par le Japon.

Ou bien d'un cadre d'accueil plus vaste et mieux organisé à la manière du Temple de la Dent sacrée, à Kandy.

Vite fait, nous quittons Colombo, pour repartir vers le sud-est.

La route ne sera pas trop longue cette fois. Elle est juste interrompue à l'orée de la ville, pendant quelques minutes, par la survenue d'un vaillant train à peine annoncé, à un passage à niveau où il est tout de même signalé par une barrière levante, que notre vénérable chauffeur, lui, a bien aperçue.

Un train qui semble avoir surgi presque de nulle part, entre les arbres, depuis derrière un mur, sans même qu'on aperçoive le rail.

Un train fantôme... Au-delà duquel, après avoir rencontré encore quelques immeubles modernes de taille plus modeste qui se clairsèment, on atteindra plus tard des collines à thé.

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