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Fort Galle, beaux charmes surannés

Sri Lanka, Fort Galle,

beaux charmes surannés

Phare

Temple hindouiste de Galle

Sri Lanka sud,

Galle, temple hindouiste dans la ville moderne

A presque 20 km de Hikkaduwa vers le Sud, le long de la côte, la notoriété de la belle ville de Galle nous attire.

Les cinghalais rencontrés prononcent à l'anglaise, avec un "o" long et très ouvert, qui ressemble à "goal". Nous ne l'avons pas entendu prononcé "à la cinghalaise" comme le dit Le Routard, c'est à dire "Gallé".

Or le "goal" en anglais, ce n'est pas le gardien des buts d'une équipe de foot dans son acception française, mais le but à atteindre, la cible.

Ce qui convient parfaitement pour cette ville.

 

La destination est belle en effet.

Nous en serons si enthousiastes qu'après y être allés une trop courte première fois en voiture, nous y retournerons en train depuis Hikkaduwa.

La route côtière principale sépare la ville moderne, trépidante, encombrée, bruyante, pas très nette, - même la traversée de la grande et peu reluisante gare des bus est une aventure à (petit) risque -, de la torpeur de la ville ancienne sur son promontoire, paisible, paresseuse et proprette.

Par la route ou le train, avant de nous tourner vers l'ancienne ville, impossible de ne pas être attiré par trois semi-pyramides extrêmement sculptées qui côtoient des immeubles plus modernes et émergent parmi eux.

Même si l'une d'elles, enveloppée d'une draperies déchirées de feuilles tressées semble a priori dans un piteux état, alors que les deux autres et un dôme richement décoré resplendissent d'une pierre ou de stuc couleur beurre frais, blanc ivoire ou gris perle.

Gopura restaurée du temple hindouiste, Galle, Sri Lanka
Galle au Sri Lanka, temple hindouiste en rénovation

C'est un exemple de temple hindouiste, en cours de restauration.

A priori, impossible de pénétrer à l'intérieur.

Mais par une ruelle qui ceinture l'ensemble à l'arrière, un portail ouvert nous permet d'accéder au chantier ; en tout cas nous osons y pénétrer prudemment.

Trois ou quatre ouvriers restaurateurs sur des échafaudages travaillent là et nous laissent déambuler.

Nous le faisons avec la discrétion nécessaire, d'autant que nous sommes seuls au début ici. Seule condition, nous déchausser avant d'entrer dans les pièces du temple.

Il semble qu'à la différence des précautions prises dans nos restaurations européennes, les travaux ici ne sont pas confinés derrière des barrières infranchissables qui rendent inaccessibles les lieux.

Ils coexistent avec le quotidien du rituel, dans les parties ouvertes où sont présents les offrandes.

On réalise pour cette partie-là à quel point la rénovation est utile, quand on voit la noire patine des ces pièces.  

 

Une sorte de salle hypostyle ("mandapa" ou "pradakshina"??)) entoure un très vaste patio dont l'espace est occupé par le coeur du sanctuaire ("garbha griha"), alors que les hautes et élégantes pyramides  ("gopura") qui sont les entrées du temple bordent un côté. Ce passage périphérique doit probablement permettre, dans le rituel hindouiste la déambulation dans le sens des aiguilles d'une montre, nommé "circumambulation".

Merveilles de sculptures ancestrales dont le symbolisme doit faire sens. Mais on ne sait même pas à quelle divinité il est dédié, peut-être Shiva.

Magnifique hypostyle du temple hindouiste, Galle, Sri Lanka

Hypostyle, "mandapa"?

Les échafaudages, comme souvent, y compris dans la construction, ne sont pas métalliques, mais faits de robuste rotin ou de bambou, que l'on trouve à profusion dans les forêts voisines.

Est-ce du fait de la restauration en cours, la couleur des tours est uniformément claire. Ailleurs, les sculptures sont polychromes, comme à Colombo par exemple, ou dans les temples tamouls de la côte est de l'île de la Réunion.

Le coeur du sanctuaire est par contre patiné des fumées des foyers et des bougeoirs autour desquels s'étalaient les offrandes, pour cet édifice dont on ne connaît pas l'époque de construction.  

Un artisan rénovant le temple hindouiste de Galle, Sri Lanka

Offrandes

Coeur du sanctuaire "garbha griha"

"Gopura"

Fort Galle alanguie...

Sri Lanka sud,

Fort Galle l'alanguie, envoûtante ville coloniale

La ville ancienne est construite sur un promontoire au-dessus de l'océan, ceint de fortifications "à la Vauban".

Au premier contact, est-ce la chaleur écrasante qui assène une sorte de torpeur, et l'espace sans limite entre ciel et mer? Malgré l'absence de filaos, on ressent ici fortement, beaucoup plus que sur l'île de la Réunion, là-bas à l'autre bout de l'océan, les impressions décrites par Le Clézio dans ses romans où il évoque l'île Bourbon et les espaces sans fin de l'Océan Indien.

Tout cela sur le chemin des très précieuses épices qui, depuis l'Inde et notre île, changeait d'hémisphère vers le Sud-Ouest et le canal du Mozambique, contournait le Sud de l'Afrique, puis remontait vers le Nord-Ouest sans souci du temps qui passe et qui s'étire, vers la lointaine Europe.

Galle, Sri Lanka, stûpa et église
rue paisible de Galle, Sri Lanka

En remontant la rue à deux pas de la poste se dresse en effet la blanche façade patinée de l'église réformée hollandaise, la plus vieille église protestante de l'île, construite en 1755 sur l'emplacement d'un couvent de capucins portugais avant 1640 ("Le Petit Futé").  Les pignons d'extrémité (façade et arrière) de style baroque sage soutiennent à l'intérieur une vaste voûte d'un bleu profond et sans pilier central.

Mais les murets qui délimitent son périmètre extérieur ont subi les assauts persistants de l'humidité tropicale et se cernent d'un noir de moisissure. Les pierres tombales d'un ancien cimetière hollandais sont alignées sous le soleil dardant et laissent pressentir quelques histoires familiales dans l'évocation des noms gravés. 

Mais surtout, cette partie ancienne conserve la plupart des constructions des époques successives de son histoire. Elle est une synthèse complète des périodes qu'elle a vécues et subies, des religions pratiquées.

Par sa situation au Sud de l'île, Galle fut un fameux port de commerce dans le passé même antique. L'histoire de la ville est aussi celle de l'île, au moins jusqu'au départ des Anglais.

Voici par exemple à gauche un temple bouddhiste qui s'est approprié une ancienne église.

A l'intérieur des remparts, les rues bien quadrillées de la vieille ville résument ainsi les temps des Portugais bouillonnants et sans scrupules, des rationnels Hollandais, des Anglais d'abord soucieux de la rentabilité de leur colonie.

 

Ainsi, on croit reconnaître au pied des remparts d'anciennes maisons portugaises avec leurs toits à quatre pans, tout de tuiles couverts. 

vestiges portugais, Galle, Sri Lanka

Tous les styles se côtoient, mais privilégient les galeries sur piliers aérés ou les arches de pierre et de bois, laissant à la couleur blanche sa dominante, même si de nombreuses façades cèdent à des teintes plus chaudes.

L'attrait touristique, l'intensité des restes ont conduit à classer avec une justification évidente la ville au patrimoine mondial de l'Unesco. De sorte aussi qu'en dehors des anciens édifices institutionnels ou religieux, tout le reste est tourné vers un tourisme d'assez haut de gamme, cultivant l'art et l'adroite reconversion d'architectures du passé. Mais sans pour autant, en tout cas pendant nos séjours ici, se départir d'une nonchalance tranquille qui recherche l'ombre rare. Sauf quand on aborde les environs de la gare de chemin de fer ou celle des bus.

C'est cependant en gravissant la colline à l'opposé de l'océan que les édifices les plus chargés d'histoire apparaissent.

Ainsi, le long de la montée de Church Street, la poste est hébergée dans ce bâtiment aux piliers et à la façade safran rassis un peu décrépite ; à peine entretenue, difficile de savoir s'il s'agit d'un hébergement provisoire. Elle est contigue d'une autre partie du bâtiment presque en ruine que des panneaux d'information mettent en garde de ne pas aborder.

la Poste, Galle, Sri Lanka

Juste en face, ce qui de prime abord pourrait ressembler à une église d'origine portugaise, est en réalité une ancienne demeure coloniale hollandaise bâtie en 1671 (voir ci-dessous). C'est aujourd'hui le "Musée archéologique maritime", avec son long bâtiment à contreforts qui s'étire le long de Queen Street.

Le clocheton dressé à l'entrée du chemin qui y mène n'est pas non plus comme on le voit ailleurs celui d'un temple bouddhiste, mais le beffroi de l'église réformée hollandaise presqu'en face. Il est édifié avant l'église et sa cloche a été fondue en 1709. 

Galle, Sri Lanka, l'église réformée hollandaise

Bien sûr son aménagement intérieur a été revu par les derniers occupants anglais pour le mettre à la "sauce anglicane".

Tout à côté, c'est la bibliothèque de Galle et juste un peu plus bas la grande église "de Tous les Saints", construite en 1868 avec ses tourelles qui dominent son toit de tuile rouge.

eglise réformée, et plus loin celle de "Tous les Saints", Galle, Sri Lanka

Le glacis d'herbe sèche s'élargit à l'intérieur du chemin de ronde qui domine le port quand on atteint le sommet de la colline.

 

En face, le très grand et ancien hôtel Amangalla, s'ombrage malgré ses deux hauts étages des branches de plusieurs immenses et vénérables arbres dont le nom nous échappera. Peut-être des figuiers des banians...

C'est l’ancien « New Orient Hotel » construit en 1694 pour l’usage exclusif du Gouverneur, puis transformé en hôtel en 1865 pour les passagers européens traversant depuis l’Europe jusqu’au port de Galle au 19ème.

Il devient l’hôtel Amangalla, en franchise des Aman Resorts en 2005.

 

Chacun des deux jours de nos visites de Galle, de très nombreux écoliers, garçons et filles, rieurs et sérieux visitent les lieux, tous en uniforme blanc, emmenés par quelques bus semblables à ceux qui écument les routes.

A l'extrémité de cette esplanade, une vache et son veau, pelage roux doux et yeux de biche, sont attachés là. Soudain Marlène doit esquiver les cornes de la mère quand elle tente de caresser le veau.

On verra souvent ces vaches maigres le long des rues et surtout des routes, paisibles, tant elles sont habituées à n'être perturbées par personne : la vache est sacrée ici, et sa viande ne se mange donc pas.

à l'ombre des figuiers de banians (?) rassemblement d'écoliers, Galle, Sri Lanka

A travers les rues colorées, le long de demeures parfois riches qui côtoient des cabanes d'artisans, on découvre surtout de modernes boutiques, construites autour d'un patio avec bassin et vasques à nénuphars au décor serein, ou sous une galerie de colonnades...

Jusque même à un petit restaurant qui s'est engouffré avec grand appétit dans le concept de "compteur des calories" ingurgitées, ou un autre qui a décoré avec classe les recoins d'une ancienne maison bourgeoise.

Une zone de déambulation aux dimensions raisonnables avec son lot de petites surprises agréables, qui marie harmonieusement un présent aux prétentions commerciales de haute-moyenne gamme et le riche passé aux fréquents témoignages, dans une atmosphère paisible.

Galle Sri Lanka, ancienne demeure reconvertie en hôtel
dans le port des pêcheurs, Galle, Sri Lanka, couleurs des poissons
Galle, Sri Lanaka, la "Vieille Porte", 1669

Dans cette partie de la ville se situe aussi un centre du patrimoine culturel ("Galle Heritage Centre"), dans lequel hardiment un enfant tente de rentrer, s'étirant sur la pointe des pieds pour atteindre la sonnette.

A quelques pas plus à l'est est le "bastion noir" ainsi nommé par les Hollandais ("Zwart Bastion"), mais qui de fait est le plus ancien bastion portugais des fortifications. La sombre patine des années vient confirmer son nom.

Galle, Sri Lanka, le "bastion noir"

Soudain, quand on se retourne, le panorama prend un aspect magique.

Dans la perspective offerte par la longue digue de fortification que lèche une mer intense nuancée de turquoise, le ciel étire les cumulus comme une aile d'oiseau qui chavire.

Nous nous dirigeons maintenant vers le port des pêcheurs. C'est l'une des zones les plus exposées hors des fortifications, lors du tsunami de 2004, qui a laissé ici le plus de victimes à Galle.

Lors de notre passage, la majeure partie des barques à moteur est échouée sur la rive, et les étals exposent le fruit de la pêche. La diversité des couleurs des poissons est étonnante, à côté de petits thons bleutés. On remarque comme ailleurs l'absence de glace réfrigérante qui pourrait choquer certains occidentaux trop bien habitués.

En fait, comme les poulets tués pour être vite consommés dans les Caraïbes, sitôt pêché (ici), sitôt acheté et cuisiné.

Tout semble en tout cas organisé, y compris les tas de détritus et de restes de poissons guettés par une aigrette, sans presque jamais donner une impression de laissez-aller.

Modestie des moyens, diététique ancestrale non carnée, culture profondément bouddhiste, nous verrons essentiellement une population svelte qui pour autant n'est pas maigre.

C'est ici le cas des pêcheurs, vêtus d'une chemise et d'un sarong court, cette sorte de jupe surtout portée par les hommes, et bien sûr très adaptée au climat.

Le long du chemin qui borde la rive, nous voici bientôt à la "Vieille Porte" des fortifications, construite en 1669, celle dont le frontispice est gravé en français du  "Dieu et mon droit" so british de la dernière époque, celle des Anglais.

L'aménagement ombragé abrite des couples d'amoureux qui dissimulent leur intimité sous une large ombrelle, ce qui semble être une coutume. Amours clandestins? Principes excessifs de pudeur que l'on sait sensible dans la culture bouddhiste? En tout cas amours cachés.

Une fois à nouveau entrés dans l'enceinte du Fort après avoir franchi la Vieille Porte, nous abordons une vaste esplanade devant ce qui nous paraît être un Tribunal.

On l'appelle la "Cour additionnelle des Magistrats" ou quelque chose comme ça. Grandes portes ouvertes, on aperçoit des avocats, peut-être des juges et des habitants faisant la queue, ou carrément comparaissant, discutant dans une grande salle sombre face à des magistrats invisibles de l'extérieur.

Il s'agit effectivement de la Cour de Justice locale qui traite de juridiction criminelle "ordinaire" (jusqu'à 1500 roupies d'amende et/ou 2 ans d'emprisonnement). Il existe aussi à Galle une Cour de District qui traite des délits plus importants.

La police très présente nous interdit de prendre des photos.

Puis nous longeons encore le chemin de ronde pour parvenir au bastion nommé "Point Utrecht" par les Hollandais, à côté duquel les Anglais construisent en 1938 le phare actuel.

A son pied, une ancienne poudrière à demi-souterraine ramasse sa bosse derrière ses murs noirs décrépits.

Galle, Sri Lanka, le phare

Et s'insère dans sa splendeur blanche la grande mosquée de Galle.

Seul le bedonnant touriste avec ses mollets de singalette dans l'axe du phare gâche VRAIMENT le cadre.

Galle, Sri Lanka, digue et mosquée blanche
Ecolières musulmanes, fortifications, Galle, Sri Lanka

La mosquée Meeran ressemble plutôt à une église et n'a pas de minaret traditionnel. Elle aurait été construite dans les années 1715 par les riches marchands Maures puis restaurée vers la fin du 19ème siècle. Par contre, la partie réservée aux femmes n'aurait été édifiée qu'il y a 15 à 20 ans et se trouve à l'extérieur de l'édifice ancien. Des blogs de visiteurs musulmans regrettent que de ce fait, les femmes ne soient pas en mesure d'accéder aux fastes de la mosquée elle-même.

Les terrasses constituées par les anciens bastions aux arêtes des fortifications accueillent de nombreux visiteurs, touristes étrangers, mais aussi sri lankais qui viennent manger sous l'ombre dense de quelques vigoureux et anciens figuiers des banians.

 

Parmi, ces visiteurs, on ne peut manquer de remarquer de vastes volées d'écolières  en uniforme blanc, probablement les mêmes que celles qu'on a croisées devant l'hôtel Amangalla.

Le 2nd jour de notre visite, ce sont cette fois de jeunes musulmans et musulmanes venus à la mosquée.

Même voilées, ces dernières portent une sorte d'uniforme très seyant, dans une tonalité de léger mauve, et ne se privent pas de nombreux fous-rires, malgré un encadrement bien présent mais qui semble débonnaire.

Les garçons quant à eux portent la djellaba blanche et une toque ronde en guise de chéchia.

Mais quand quelques-unes d'entre elles se détachent en silhouettes noires, ce sont d'autres plus sombres événements qui surgissent à l'esprit, même si les demoiselles se préoccupent certainement plus dans l'instant de pianoter des SMS.

 

Il n'en reste pas moins que Galle, tout comme la plupart des villes croisées (vade retro "croisades"!), illustre ouvertement et avec intensité cette coexistence pacifique, assumée et  accomplie des différents cultes religieux : bouddhisme (70%), hindouisme (13%), islam (10%) et christianisme (7%), chiffres de 2017 par "France Diplomatie".  

Galle, Sri Lanka, jeunes musulmanes sur les fortifs
mosquée Meeran, Galle, Sri Lanka
Mosquée Meeran

Impossible en tout cas de ne pas céder à ce charme indolent et magnifique, sous le soleil bientôt écrasant que seule la brise de mer vient tempérer, imprimant une insolente élégance aux têtes de palmiers (diaporama ci-dessus).

Galle, Sri Lanka, phare sur alizé, face à l'Océan Indien

Pour maintenant boucler la boucle en poursuivant notre parcours le long du chemin de ronde, nous abordons bientôt le bastion le plus au nord-ouest, celui de la porte principale, sous un ciel qui se charge de nuages anthracite.

En longeant ce chemin, on embrasse d'un seul regard les témoignages des coexistences historiques, de ceux que nous avons déjà rencontrés un peu avant.

Le stade lui-même a été construit par les Anglais exactement sur l'isthme entre le continent et la péninsule.

Depuis toujours, il a la réputation d'être parmi les plus pittoresques terrains de cricket du monde, ici encadré par l'Océan Indien. 

Construit pour être un hippodrome en 1876, il est reconverti en terrain de cricket en 1927.

En juin 1998 se tient pour la première fois ici un test match international entre la Nlle-Zélande et le Sri Lanka, dont ce dernier sort vainqueur.

Très endommagé par le tsunami de 2004, il fut cependant en catastrophe utilisé pour accueillir les réfugiés et les héberger, et comme héliport de secours.

Il est ensuite rénové et amélioré, puis ré-ouvert en 2007.

Des hauteurs du bastion surmonté d'une tout carrée à horloge, nous ne verrons pas de phase de jeu véritable, à cause d'une averse qui interrompt le match en cours.

Les uniformes et les attitudes ont ce détachement dans l'élégance toujours très british. 

Le dernier bastion (nommé bastion de l'Etoile après s'être appelé bastion San Antonio par les Portugais) domine de son chemin de ronde le fameux stade de cricket de Galle.

Au Sri Lanka, cet héritage anglais suscite des passions et imprègne la culture de la population, au moins autant que nos sports nationaux en France.

Pendant notre séjour se tenait ici une compétition comptant peut-être pour une coupe internationale de cricket, entre l'équipe du Sri Lanka et celle du Bengla Desh, retransmises sur toutes les chaînes de télévision.

Le stade est témoin le 11 mars 2017 d'un record mondial de réussite d'un lanceur gaucher sri lankais, Rangana Herath. Dire qu'on a manqué ça!!!!

Etonnante pratique, qui est à l'origine du baseball américain (autre objet de passions aux Amériques) avec des règles et une batte un peu différentes. Par exemple la balle lancée doit toucher le sol avant que le batteur adverse ne tente de la frapper, alors qu'elle est directe au base-ball. 

Galle, Sri Lanka, match de cricket
fortifications, Galle, Sri Lanka
Galle, Sri Lanka, un match de cricket

Au pied des fortifications, dans les vastes et poussiéreuses aires annexes du stade entre mer et contrescarpe, se tenaient en même temps des sortes de jeux chorégraphiés "interprétés" par des écoliers vêtus de blanc, encadrés par des dames à ombrelle en posture hiératique, vêtues de saris.

Mystérieuse et étonnante démonstration où les adolescents s'en donnent à coeur-joie pendant que d'autres observent, peut-être en attente de passer à leur tour.

La chorégraphie reste hermétique, empruntant peut-être à la culture bouddhique ou au théâtre sri lankais... 

à Gallé

Galle, Sri Lanka, une grande kermesse???
Trains tropicaux, "clim locale"

Sri Lanka,

trains tropicaux, "clim locale"

Il faut bien enfin s'extraire de ce charme prenant et reprendre le train depuis la gare.

Vieux train certainement comparable à celui qui a été emporté par le tsunami de 2004 plus à l'ouest. De ce que nous voyons, tous les wagons sont semblables, de même pour les motrices. Les couleurs ne se différencient entre les trains aperçus que dans la gare plus importante de Galle.

Mais le train est sympathique. Il reste au plafond des ventilateurs déconnectés et des places sont réservées au "clergy" ; nous avons pu y voir un bonze (forcément) bouddhiste à l'aller.

Un employé remplit à la main des tableaux de chiffres et de lettres arrondies de l'alphabet sri lankais dans un grand cahier de comptable.

A l'une des extrémités de la gare, un passage à niveau est traversé par le trafic habituel, tuk tuks, piétons.

Une petite cabane et une barrière rudimentaire à contrepoids : voilà le cadre de travail de l'employé du passage, qui, exténué... de chaleur, somnole entre deux trains ou s'occupe à d'autres activités sur place.

Le ticket est acheté à travers les robustes grilles métalliques d'un guichet ancestral, pour une poignée de roupies.

Certains vont à Colombo dans l'autre sens, la capitale vers laquelle se dirige la majorité des habitants. Pour notre sens, le quai se remplit progressivement de touristes, vers Galle et Matara.

Quel que soit le sens du train, son passage et l'embarquement se font du même côté du même quai. Une bonne raison : la voie hors des gares est unique. La 2ème voie en gare est une voie de manoeuvre et rien d'autre. En tout cas, heureux hasard de l'heure dans la journée, le quai d'embarquement est sous le grand auvent qui a au moins le mérite d'apporter un peu d'ombre.

Le train se met en mouvement dès qu'un contrôleur(?) laisse flotter un fanion vert à l'extérieur. Il est tracté par une locomotrice diesel des années... 1980 (?).

Celui que nous avons pris est un omnibus qui forcément prend sa pause dans chaque gare, et sinue entre les maisons et les palmiers.

La voie ferrée suit un peu le bord de mer puis s'en éloigne pour rejoindre la plate vallée d'une petite rivière (Kapu Ela?) avant d'atteindre en courbe la gare de Galle et son isthme.

Malgré son authentique attrait, cette ligne ne peut, dit-on rivaliser en pittoresque avec celle que nous ne prendrons pas et qui traverse très lentement la campagne montagneuse entre Colombo et Kandy au centre-sud.

Galle, Sri Lanka, la brûlante gare de Hikkaduwa

Tous les passagers, habitants et touristes tentent de patienter en transpirant. On constate à l'évidence que ce sont naturellement ces derniers qui suent le plus. Certains, dont nous sommes hésitent même à s'asseoir sur les vieux bancs de bois et de métal dont le quai est équipé ; ou ne le font que du bout des fesses pour s'éviter cette désagréable impression de devoir "décoller" du dossier les vêtements  imbibés de sueur. 

Alors qu'il suffit d'une ombrelle aux vieilles dames en sari pour déambuler paisiblement sans le moindre soupçon de gêne. Comme un flux de fraîcheur. 

sari sous ombrelle, Hikkaduwa, Sri Lanka

La seule clim possible ne se fait sentir qu'une fois le train en mouvement : celle des fenêtres ouvertes.

Héritage parmi d'autres de la présence anglaise ancienne, la gare aux quais rectilignes de Hikkaduwa, assez pimpante, équipée de grands bacs à poubelle aux contenus bien différenciés, est écrasée de chaleur sous le grand auvent d'éverite.

Une chaleur qui fatigue même Marlène, qui en est pourtant adepte, tout de même ravie de cet air-là qui traverse le wagon de part en part.

dans le train pour Galle, Sri Lanka
Galle, Sri Lanka, un train de voyageurs

Il arrive souvent de voir des habitants utiliser les traverses -très resserrées- de la voie ferrée comme un chemin tranquille dénué d'autres gênes, et surtout libre des risques réels de circulation de la route bitumée, en tout cas entre deux trains.

La faible fréquence de passage des trains et le bruit de la motrice audible de loin le permettent sans danger.

On se prend à croire qu'entre deux grondements de trains, la voie de la sérénité ne soit autre que ... la voie ferrée, chemin bouddhique improvisé qui n'attend plus que les bonzes.

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