top of page
De 1388 à 1860

Alpes-Maritimes, un peu de l'histoire régionale

Partie 2 : le pays est à la Savoie

(Piémont Sardaigne) de 1388 à 1860

le "comté" de Nice, un enjeu de la Renaissance"

Le nouveau "comté" de Nice, la Savoie,

enjeux des puissances européennes à la Renaissance

A la Renaissance, la Savoie, et donc le comté de Nice sont victimes de la guerre entre François 1er et Charles Quint entre 1504 et 1544.

1524 : Charles Quint envahit la Provence, soumet l’est dont Nice. François 1er reprend Nice, la pille, mais est défait à Pavie en 1525.

le Piémont au 16ème siècle

1536 : François 1er occupe la plupart des États de Savoie et Turin, mais échoue plus à l'ouest. Seule Nice « la très fidèle » reste à la Savoie. Le duc Charles III vient s'y replier.

1538 : des négociations à l'intiative du pape Paul III entre François 1er et Charles Quint aboutissent à une paix précaire après que ce dernier ait à nouveau envahi la Provence.

Puis François Ier s’allie avec Soliman le Magnifique, contre Charles Quint.

1542 : François 1er, fait piller les villages de la Vésubie et de la Tinée, obtient la reddition de Coaraze, Bonson, Gilette et Tourette-Revest.

1543 : même allié aux Ottomans, ses troupes à terre et ses alliés par mer (la flotte de Soliman avec Barberousse), échouent à prendre Nice. Ils se replient en septembre.

signature du Traité de Cateau-Cambrésis, 1559

Création du comté de Nice en 1526, appartenant à la Savoie

1526 : les « Terres neuves de Provence deviennent le « comté de Nice » au seul sens administratif (et non féodal), avec quatre vigueries : Nice, Sospel (incluant Vintimille et Val de Lantosque), Barcelonette et Puget-Théniers.

La Savoie renforce les fortifications de Nice.

Les sévices des Compagnies aux 14ème et 15ème siècles ont dépeuplé certaines paroisses. La Savoie en repeuple certaines entre 1460 et 1520, en faisant appel aux Ligures et aux Piémontais.

Nice à l'époque de François 1er

François 1er attaque Nice

1559 : par le traité de Cateau-Cambrésis, le duc Emmanuel-Philibert retrouve la Savoie, le Piémont, le Bugey et la Bresse. et épouse aussi la soeur du roi Henri II, fille de François 1er.

Cet important traité entre la France d'un côté et l'Espagne et le St Empire romain germanique de l'autre fait cesser l'ingérence française en Italie. Ses accords restent en vigueur plus d'un siècle et marquent le début de la prédominance espagnole en Europe.

La Savoie a subi l'occupation française pendant 23 ans (1536 à 1559) mais en a retiré le bénéfice de réformes positives.

Elle renforce Nice, les villes alentours, installe des forts en Provence orientale. Le comté de Tende est rattaché à celui de Nice.

Pendant ce temps, le royaume de France améliore les défenses de la Provence occidentale.

Quand le duché de Savoie devient royaume de Piémont-Sardaigne

Affrontements et alliances aux 17ème et 18ème siècles,

le duché de Savoie devient royaume de Piémont-Sardaigne

La réforme protestante touche la Provence mais peu le comté de Nice.

Les guerres de religion affectent cruellement l'ouest provençal français. La Savoie y participe.

1589 : au début du règne de Henri IV, les Ligueurs (ces catholiques déjà vivement opposés à "l'hérésie" protestante, devenus si puissants qu'ils menacent le roi) forment deux clans, les carcistes (français du nom du comte de Carcès) et les savoyards.

A l'ouest, la Provence française est assiégée par les Ligueurs, notamment à Grasse où la ville a choisi Henri IV contre la Ligue. 

Pour parachever la conquête de la Provence, les Ligueurs demandent l’aide du duc de Savoie après le décès devant Grasse du chef Ligueur local favorable à leur clan,  Hubert de Garde de Vins. La Savoie en 1590 occupe donc Antibes, Saint-Paul, Grasse, Cannes et Aix.

1591 : les Savoyards sont rejetés et le comté de Nice est envahi par les Français anti-Ligue depuis le nord, mais leur progression est arrêtée.

Puis Henri IV abjure la foi protestante en 1593 et nomme le duc de Guise, notoire Ligueur gouverneur de Provence. Le duc de Savoie se retire alors.

1600 : après l'apaisement de l'Edit de Nantes en 1598, Henri IV envahit la Savoie, et fait occuper le comté de Nice par le duc de Guise, non sans résistance.

tracé de la Route Royale Nice-Turin, 1610

Savoie et France s’allient ; le comté de Nice reste à la Savoie

1630 : après la mort de Charles-Emmanuel, son fils Victor-Amédée Ier signe un traité d'alliance, le traité de Cherasco avec la France. Ce traité conclut aussi un conflit local pour la succession du duché de Mantoue entre France et Habsbourg-Espagne en marge de la Guerre de Trente Ans. 

Là commence à poindre un jeune diplomate talentueux et rusé, le futur cardinal Mazarin, qui agit pour se faire valoir auprès de Richelieu.

 

1637 : le lien Savoie-France se renforce après la mort de Victor-Amédée Ier : son épouse, Christine de France, fille d'Henri IV, devient régente.

La flotte espagnole attaque les garnisons de Sainte-Marguerite et de Saint-Honorat. Mais les Français reprennent les îles de Lérins.

Les alliances se déplacent : le seigneur de Monaco s’allie à la France et se défait par là même de son protectorat espagnol en 1641.

1642 : les Espagnols sont chassés de Nice mais Victor-Amédée II, en revanche, désire s'éloigner de la tutelle française.

Mais rien ne reste immobile.

 

Après une nouvelle attaque française, le duché de Savoie devient royaume de Piémont-Sardaigne et s’oppose à la France (1705 à 1790).

La guerre reprend peu de temps après à l'occasion de la succession d'EspagneVictor-Amédée II (dit "le renard de Savoie") est tout d'abord allié à Louis XIV, puis fait volte-face en faveur de l'empereur.

1706 : les troupes françaises prennent Nice en janvier. Le comté est occupé jusqu’à Sospel, sauf la vallée de la Roya défendue par le fort de Saorge.

Nice change de fonction et perd son rôle militaire.

1707 : le duc de Savoie reprend Nice, pille et massacre à l’ouest,  est arrêté à Toulon, puis bat en retraite devant l’assaut français qui reprend le comté de Nice jusqu’à Sospel.

1713 : le traité d’Utrecht rend tous ses territoires au duché mais concède Barcelonette aux français. Victor-Amédée obtient en final la Sicile qu’il échangera contre le royaume de Sardaigne en 1720.

1720 : le duché devient royaume de Piémont-Sardaigne.

Nice au 18ème siècle

Enregistrement de l'Edit de Nantes en 1598

massacre huguenot à Orange, 1572

Massacre huguenot à Orange en 1560 et St-Barthélémy à Paris en 1572

1601 : finalement, Henri IV reconnaît à la Savoie le marquisat de Saluces et obtient en échange la Bresse, le Bugey et le pays de Gex.

A l'initiative de Charles Emmanuel 1er de Savoie, cette période est aussi marquée, en 1610, par la construction du tracé de la Route Royale Nice-Turin notamment pour le commerce du sel depuis Hyères vers Turin, par la création du port franc en 1612. L'architecture baroque se développe et une cour souveraine, le Sénat de Nice, est créée en 1614.

1621 : sous le régime savoyard, le comté de Nice devient une ville de juristes. Mais son gouverneur, Annibal Grimaldi comte de Beuil trahit la Savoie : condamné, il et exécuté.

1629 : une affaire de succession est prétexte à une nouvelle guerre entre France et Savoie ; cette dernière est envahie. La paix signée en 1631 permet aux Espagnols venus aider la Savoie dans la région d'y demeurer 12 ans.

Victor-Amédée 1er fatigué ; et le regard agile, perspicace et assuré de Mazarin

La Savoie attaquée puis restituée sous alliance française (1691 à 1696)

De 1688 à 1713 : la guerre reprend entre la France et la Savoie.

 

1690 : Victor-Amédée II s'allie avec l'empereur et le roi d'Espagne contre Louis XIV dans le cadre de la ligue d'Augsbourg. Les Français occupent alors la Savoie.

1691 : le comté de Nice finit par être totalement occupé par les Français.

Louis XIV, alors en guerre contre l’Europe coalisée depuis 1689 (la Ligue d’Augsbourg), tente dans cette manœuvre dont le duc de Savoie est l’objet, de déséquilibrer la Ligue en faisant du duc son allié. Le duc n’est en effet plus soutenu par ses voisins de la Ligue. Il n’est pas non plus en mesure de résister au rouleau compresseur français.

1696 : par le traité de Turin, Louis XIV rend toutes ses conquêtes à Victor Amédée II, qui, en contrepartie doit marier sa fille avec  le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Victor Amédée sera donc le grand-père du futur Louis XV.

1697 : la manœuvre réussira puisque le traité de Ryswick conclura la fin de la guerre de la Ligue.

1730 : après l'abdication volontaire de Victor-Amédée II en faveur de son fils Charles-Emmanuel III, ce dernier poursuit une politique d'alliance contre la France.

Lors de la succession d’Autriche, Gallispans (troupes franco-espagnoles) et Austro-piémontais s’affrontent entre 1744 et 1749. La guerre touche l'arrière-pays niçois, puisque la ville a perdu son rôle militaire.

1749 : le traité d’Aix-la-Chapelle rend le comté de Nice au Piémont.

A Nice, la population reprend son essor et s'étend hors des anciens remparts, passe de 14 600 habitants en 1718 à 20 000 en 1790. Les élites niçoises sont attirées par Turin. Elles y font leurs études et font carrière dans l'administration, l'armée, la diplomatie.

Au même moment, des aristocrates anglais choisissent Nice comme lieu de villégiature pour l'hiver. Ainsi le du duc d'York, frère du roi George III, en 1764. Dans les années 1780, les hivernants sont au nombre de 300 environ.

Le roi du Piémont consolide le comté de Nice, organise l’enseignement, crée d’autres infrastructures, rend carrossable la route de Nice à Turin en 1788.

Nice s’étend et s’embellit. La frontière entre le comté et la France est un peu modifiée. Sospel devient la 2ème ville du comté.

Prémices de l'unification italienne

Prémices del'unification italienne

Création du département des Alpes-Maritimes en 1793 (sauf frange orientale)

1790 : un nouveau découpage après la Révolution insère la région de Grasse dans le département du Var.

1792 : après l’entrée en guerre de la France contre L’Autriche et la Prusse, Nice est prise sans combats, en septembre. Puis des élections sont remportées par le parti favorable à la réunion du comté de Nice à la France. Ce que la Convention entérine le 31 janvier 1793.

1793 : le département des Alpes-Maritimes, le premier du nom, est créé en février sauf la frange orientale actuelle.

Les hautes vallées de la Tinée, la Vésubie et la Roya restent piémontaises. En juin 1793, le général français Brunet est battu à l’Authion.

Dans l'arrière-pays, les barbets (entre lutte politique et brigandage) s'opposent aux troupes françaises.

 

1794 : en avril, Masséna reprend Saorge et Tende. Mais par le traité de Paris en 1796, le roi de Piémont-Sardaigne renonce au comté de Nice, ce qui désoriente les adversaires de la Révolution.

1er Département des Alpes-Maritimes, 1790

Napoléon déroule, perd et reprend le comté, ajoute bien provisoirement San Remo et Gênes à son tableau de chasse

Après le coup d'État du 18 brumaire et l'instauration du Consulat, les troupes austro-sardes prennent Nice, reprise ensuite par le général Suchet.

L’Autriche réoccupe le comté en mai 1800, puis le département est repris par la France en juin.

1805 : l’Empereur annexe la République de Gênes (ligurienne). La partie occidentale est rattachée aux Alpes-Maritimes, qui inclut, outre les arrondissements de Nice et Puget-Théniers, celui de San Remo. 

Avec la poursuite sur d’autres terrains des guerres napoléoniennes, l'opinion publique locale se détourne de la France.

1813 : la foule acclame Victor-Emmanuel Ier.

1814 : après la chute de Napoléon Ier, le comté de Nice, le Piémont et la Savoie sont restitués à Victor-Emmanuel 1er et la France renonce au département par le premier traité de Paris (mai 1814). L’ancien régime administratif et la langue italienne sont rétablis.

1815 : après les Cent Jours et Waterloo, le 2nd traité de Paris (novembre) confirme le premier. Le Piémont-Sardaigne reçoit en outre l’ancienne République de Gênes et le protectorat de Monaco (antérieurement français).

Le retour de la paix et de la stabilité sont appréciés à Nice qui, sous mandat piémontais continue de se développer.

Les hivernants britanniques viennent plus nombreux à Nice et sa région de villégiature.

Cannes devenue aussi ville de séjour hivernal et aristocratique, compte 25 familles britanniques en 1843 ; un peu grâce à (ou à cause de) l’épidémie de choléra pour laquelle le cordon sanitaire entre France et comté retient Lord Brougham à Cannes.

1847 : Menton et Roquebrune sont annexées par le Piémont-Sardaigne après des agitations monégasques.

1848 : Nice bénéficie du mouvement de libéralisation politique lancé par Charles-Albert en 1847. Le Statuto est promulgué le 4 mars. La Chambre des députés est désormais élue au suffrage censitaire. Les députés niçois élus sont tous des libéraux.

Au même moment, Giuseppe Garibaldi, né à Nice, commence à devenir célèbre.

Le ghetto juif de Nice (la Giudaria) créé en 1430 est supprimé ; il est donné aux juifs les mêmes droits que les catholiques.

Victor-Emmanuel Ier met en place la politique du « bon gouvernement » (Buon Governo). 

Nice retrouve son Sénat. L’enseignement se réorganise avec les Jésuites, les Frères des écoles chrétiennes, la création d’écoles de droit, de médecine et chirurgie.

Le diocèse de Nice est détaché de la province d'Aix et dépend de l'archevêché de Gênes.

Nice connaît une période de stabilité politique et est gagnée aux idées libérales.

Sa population augmente fortement de 23 500 habitants en 1815 à 44 000 habitants en 1858.

Garibalsi, natif de Nice

Victor Emmanuel 1er et Garibaldi photographié par Nadar en 1870

Changements d'époque

Retour définitif à la France en 1860

1860, Retour définitif de Nice et sa région à la France

Napoléon III reçoit une délégation de Savoie, 1860

Dans l'hebdomadaire "Le Monde illustré" du 31 mars 1860, réception à Paris d'une délégation de Savoie par Napoléon III aux Tuileries

1860 : après les accords de Plombières entre Napoléon III et Cavour, le traité de Turin du 24 mars entérine ces changements.

A Nice, la population, réticente, finit par accepter quand le roi Victor-Emmanuel II, le 1er avril, le lui demande solennellement, au nom de l’effort en faveur de  l'unité italienne.

Un plébiscite portant sur le comté de Nice mais aussi Menton et Roquebrune, au suffrage universel masculin est organisé en avril 1860. Les adversaires de l'annexion s’abstiennent. Le plébiscite emporte 83 % de « oui » dans l'ensemble du comté de Nice.

Garibaldi depuis Turin proteste contre des irrégularités.

Le département des Alpes-Maritimes, deuxième du nom, est créé le 23 juin par l'addition du comté de Nice et de l'arrondissement de Grasse détaché du département du Var.

Monaco abandonne ses droits sur Menton et Roquebrune en février 1861 contre dédommagement.

Les arrondissements sont ceux de Nice, Puget-Théniers et Grasse.

La vie politique à Nice est assez calme sous le Second Empire. D'importants travaux d'infrastructures sont lancés dans les vallées de la Vésubie et du Var, la Basse Corniche est ouverte en 1862, le pont sur le Var construit de 1862 à 1864. Le train arrive à Nice en 1864 et à Menton en 1869.

Intérêts français et unification italienne : retour définitif du département à la France en 1860

1851 : après le coup d’état de Napoléon III, des républicains français se réfugient à Nice.

 

Turin supprime les franchises du port de Nice en 1853 mais développe les infrastructures (routes du haut pays, ponts, endiguement du Var).

Un "parti français" se structure à partir de 1848 autour du journal "L'Écho des Alpes-Maritimes". 

Napoléon III veut aider l'Italie à faire son unité, dans le but de contenir l'Autriche. En échange de quoi l'empereur réclame le duché de Savoie et le comté de Nice, qui constituent militairement deux régions stratégiques importantes.

Votation des niçois en 1860

Royaume de Sardaigne après le traité de Turin, 1860

Le royaume de Sardaigne après le traité de Turin

Département des Alpes-Maritimes, 1860

Le changement de souveraineté ne va pas sans heurts.

Avec la suppression de la Cour d'appel, les hommes de loi de Nice perdent leur clientèle.

De nombreux aristocrates et d'autres habitants , partisans de la Maison de Savoie, quittent aussi Nice pour s'installer définitivement en Italie (1/4 de la population niçoise émigre en Italie en une décennie).

Politiquement, les libéraux niçois et les partisans de Garibaldi n’apprécient pas l'autoritarisme napoléonien. Des éléments de droite (aristocrates) comme de gauche (garibaldiens) désirent donc le retour de Nice à l'Italie. De plus, pour Garibaldi, sa ville natale ne peut être qu'italienne.

Les contestations de la fin du Second Empire s'expriment ici dans les résultats du plébiscite de mai 1870 où Nice se place parmi les villes plutôt opposées au régime. 

bottom of page