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Jusqu'en 1388

Région des Alpes-Maritimes et Nice ; un peu de l'histoire régionale

Partie 1 : jusqu'en 1388

Nos visites se sont inscrites dans la partie orientale de l’ancien « comté de Nice », ou dans l’arrondissement de Nice actuel, partie du département des Alpes-Maritimes.

Pour mieux les situer, notre petite région de montagne visitée s’étend de Piène Haute sur Roya à l’est jusqu’à St-Martin-Vésubie à l’ouest, et depuis le Refuge de la Cougourde au nord jusqu’à L’Escarène et Sospel au sud.

 

Si elle dépend depuis des siècles de l’influence de la plus grande métropole du sud, Nice, elle est aussi proche des frontières de l’Italie actuelle, une proximité qui a marqué son histoire et sa culture.

Nous sommes au plus loin de la capitale hyper-centralisatrice, Paris la lointaine.

En résumant, la partie occidentale du département, l’actuel arrondissement de Grasse, a appartenu à la Provence. Sa partie orientale, le "comté de Nice", en a été détachée en 1388, où elle passe sous la souveraineté des princes de Savoie, puis du royaume de Piémont-Sardaigne.

Les deux parties du département connaissent alors des évolutions différentes, jusqu'à l'annexion du comté de Nice à la France, en 1860, et la création de l'actuel département des Alpes-Maritimes.

Entre ces deux jalons historiques, presque un demi-millénaire, la région a appartenu au duché de Savoie puis au royaume de Piémont-Sardaigne à 100% du temps, aux épisodes près de quelques courtes et sanglantes guerres européennes.

Histoire et culture piémontaises ne peuvent donc manquer de l’avoir imprégnée.

Nice et sa région, Préhistoire et Antiquité

Préhistoire et Antiquité

Préhistoire

Les témoignages préhistoriques s'étalent de -950000 (Roquebrune) jusqu’à –20000. Les gravures rupestres du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles sont plus récentes entre -3300 et -1700.

Les descendants de ces peuplades, les Ligures, habitent entre Rhône, Pô et Alpes.

Antiquité

 

Les Grecs de Marseille fondent Nice (Nikaïa) et Antibes (Antipolis), cette dernière la plus florissante grâce au cabotage entre Marseille et la Corse.

peuples de l'Antiquité Alpes Maritimes
les Romains en Gaule Narbonnaise

2ème siècle : appelés par les Marseillais contre les agressions ligures, les Romains s’installent sur l’arc de circulation commerciale et militaire entre Italie et Espagne.

Puis ils annexent la Gaule du sud-est, qui devient la Gaule Narbonnaise (Provence et Languedoc) appelée « Provincia Romana », à l’origine du nom de « Provence ».

La province militaire des Alpes-Maritimes est créée en -7 sous Auguste avec pour capitale Cimiez (aujourd’hui un quartier de Nice), puis Embrun à la fin du 3ème siècle.

Nice reste modeste et appartient à la Narbonnaise.

Nice et sa région, Haut Moyen-Âge

Haut Moye-Âge

410 : le monastère de Lérins est fondé, dont la réputation sera grandissante. Cimiez et Nice auront chacune leur évêché, qui se concurrenceront, au bénéfice final de Nice.

 

9ème siècle : une poignée de sarrasins venant d’Andalousie s’installe en 889 à Fraxinet (« le frêne »), c’est-à-dire à La Garde-Freinet à l’arrière de Sainte-Maxime.

La colonie finit par occuper une région jusqu’à 60 km dans les terres, sur le massif qui deviendra par conséquent celui « des Maures ». 

Les habitants du littoral se réfugient dans l’arrière-pays.

Provence et Savoie s’affirment

Fin 9ème : un royaume de Bourgogne-Provence (appelé aussi royaume d’Arles, ici en 1030) se divise en 3 Etats assez indépendants : Savoie, Dauphiné, Provence.

962 : Othon le Grand forme le Saint-Empire romain germanique qui inclut l’Allemagne et une bonne partie de la « France médiane » à laquelle la Provence appartient.

Provence et Savoie vers 1030

973 : Guillaume, comte de Provence chasse les Sarrasins, dont la culture a cependant laissé un riche héritage.

11ème siècle : en contraction pendant les guerres sarrasines, la population s’accroît à nouveau.     

Autonomie locale et résistance à la Provence

Nice et sa région, autonomie locale et résistance à la Provence

12ème siècle : Nice en croissance est l’objet d’une lutte d’influence entre Provence et République de Gênes.

 Nice italo-ligurienne

1108 : Nice devient une république italienne de Ligurie en prenant pour exemple Gênes.

vers 1144 : elle se dote d'un consulat, qui gère la cité et entre en conflit avec l'évêque en 1153.

1162 : les habitants refusent de prêter serment de fidélité au comte de Provence Raimond-Bérenger III qui veut contrôler le passage sud des Alpes

Nice sous le joug de la Provence (1176 à 1215)

1176 : mais sitôt Béranger mort, Nice est envahie par son cousin le Comte de Provence Alphonse Ier (aussi roi d'Aragon).

Au cours des 12ème et 13ème siècles, Nice a parfois appartenu aux comptes de Provence mais la population a toujours repoussé les invasions provençales. 

1191 : Gênes obtient la suzeraineté de Monaco et s’y installe en 1215.

À la fin du 12ème siècle, Nice compte environ 3000 habitants.

Alphonse 1er

de Provence

Raymond Béranger V

de Provence

Provence en 1125

Carte de Provence en 1125

Nice génoise de son propre gré (1215 à 1229)

1215 : à la mort d'Alphonse 1er, les niçois se rebellent, massacrent les troupes françaises et se placent sous la protection de Gênes.

1227 : le comte de Provence Raymond Béranger V (... qui est aussi Béranger IV de Barcelone) veut s’imposer en Provence orientale, prend Grasse et abolit son consulat.

1229 : il reprend Nice et remplace les consuls par un viguier. Même à pouvoirs réduits, Nice  connaît un important développement économique et démographique grâce au commerce du sel.

A la fin du 13ème siècle, le consulat réapparaît.

L'essor démographique se poursuit au 14ème siècle.

La ville fait plus que tripler sa population en moins d’un siècle (4000 habitants en 1250, 13 500 en 1340).

14ème sombre siècle

Nice et sa région, sombre14ème siècle, versatile,  déterminant

La peste noire, en 1347-1348, brise cet élan. La population retombe autour de 5000 habitants en 1387.

Pourtant l’autonomie communale des consulats, petites républiques urbaines (Grasse ou à Nice), est facteur de croissance ; les autres villes restent sous l’autorité de l’évêque.

Une partie de la Provence orientale et Nice à la Savoie ; l’est est génois

L'ambitieux Charles 1er d’Anjou (frère du roi Louis IX le futur St Louis) possède au 13ème siècle la Provence et le « Royaume de Naples-Sicile ».

Il achète au comte de Vintimille plusieurs communes à l’est, dont Sospel, Breil, Saorge. 

Au nord, le comte de Vintimille prend le titre de comte de Tende, alors que le sud de Vintimille devient génois.

Mais après les fameuses "Vêpres siciliennes" en 1282, il ne reste de ce royaume de Naples-Sicile que la partie continentale (la partie sud de la botte avec le royaume de Naples).

Monaco génoise passe à la grande famille des Grimaldi  en 1297 et inclut au 14ème siècle Menton et Roquebrune.

la Maison d'Anjou, 1280

La Reine Jeanne 1ère

de Naples

Louis 1er d'Anjou

la Peste Nore 1347-48

Dans la 2ème moitié du 14ème sévissent les Grandes Compagnies, soldats désoeuvrés, notamment de la Guerre de Cent Ans, chassés de France et devenus brigands

les Grandes Compagnies après la Guerre de cent Ans

1383 à 1388 : quelque six générations et un siècle après les "Vêpres siciliennes", Nice participe à la guerre de succession de la reine Jeanne 1ère (de Naples), ou guerre de l’Union d’Aix.

Dans le dense et complexe écheveau des alliances entre Maisons d'Europe, il se trouve que Louis 1er d’Anjou, fils du roi Jean le Bon possède la Provence d’ouest avec Marseille et Arles.

 

Il s’oppose à Charles III de Naples, neveu hongrois de la reine Jeanne ; celui-ci détient la Provence de l’est avec Aix, Tarascon et Nice et hait sa tante qui a adopté Louis d’Anjou.

Nice prend parti contre le 1er et pour le 2nd, puis pour son successeur Ladislas Ier.

Dédition à la Savoie

Nice se donne... à la Savoie

1388 : battu, Ladislas, trahissant la Provence, conclut un accord avec le comte de SavoieAmédée VII

C'est la dédition (soumission volontaire) de Nice à la Savoie : «au pacte que jamais la ville ne sera livrée aux Français».

1396 : Amédée VII de Savoie confie le pouvoir de Nice au sénéchal Jean Grimaldi de Beuil, dont la tutelle est vite contestée.

Des notables obtiennent d'Amédée la nomination d'un autre sénéchal, malgré la résistance de Grimaldi, qui ne se retire qu'après quatre années de guerre, et contre indemnité.

1406 : la communauté juive de Nice est reconnue juridiquement.

1419 : la Maison capétienne d'Anjou-Sicile renonce à Nice. Amédée VIII de Savoie, devenu duc en 1416, entre à Nice.

Les régions détachées de la Provence sont regroupées sous une même administration et nommées « Terres neuves de Provence ». La situation politique se stabilise, malgré une rébellion en 1436.

Au 15ème siècle, Nice connaît une période d'essor économique et s'intègre progressivement aux États de Savoie. La cité renforce également sa domination dans l'arrière-pays.

Nice donnée à la Savoie devient une petite capitale régionale prospère, unique port dès 1391 du Comté de Savoie sur la Méditerranée, avec la ville voisine de Villefranche.

Vintimille, Menton, Roquebrune restent génoises.

terres de Provence au comté de Savoie, 1388

La Provence occidentale à la France

1481 : à l’ouest, sans héritier, le comte de Provence lègue celle-ci au roi de France Louis XI. Le Var devient frontière entre France et Savoie.

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