
Ceylan ou Sri Lanka
histoires dans l'histoire
Grandes étapes de l'histoire
du Sri Lanka

Fondation cinghalaise
6ème siècle avant JC : l'île que les occidentaux de l'Antiquité nommeront Taprobane, est conquise par des envahisseurs aryens venus du centre de l'Inde. Ils refoulent vers les forêts de l'intérieur la population indigène d'origine australoïde, les Veddas (photo fin 19ème ci-dessous, ; on rencontrait encore en effet de leurs descendants vers le centre de l'île au début 20ème).
Les conquérants sont les ancêtres (origine ethnique et linguistique) des Cinghalais d'aujourd'hui. Leur chef est Vijaya, du nord de l'Inde dont il vient d'être banni ; leur religion est le brahmanisme (à l'origine de l'hindouisme).
C'est aussi probablement au 6ème siècle avant JC que naît Sidharta Gautama, le Bouddha, fondateur du bouddhisme.
Les descendants de Vijaya fondent vers -377 la future capitale Anurâdhapura, au centre nord de l'île.
A portée de rame, des agriculteurs Tamouls de la côte indienne en vis à vis viennent s'installer aussi sur la côte nord de l'île.
Les grandes routes commerciales et celle des épices
La route des épices existe déjà depuis longtemps, de même que celle de la soie vers le Golfe Persique, la Corne de l'Afrique, l'Egypte et l'Europe, mais se limite aux caravanes et au cabotage. Non seulement l'île est sur ce chemin mais elle en est l'un des lieux majeurs de production des épices et de pierreries.
Les grandes routes maritimes que développeront les navigateurs Portugais d'abord (en rouge sur la carte ci-dessus en colonne de gauche) restent à découvrir.
Le grec Eratosthène cite Taprobane au 3ème siècle avant JC.
Introduction et propagation du bouddhisme
Dēvānampiya Tissa (-247 à -207) règne sur l'île. C'est alors que viennent Mahinda (-282 à -222), fils ou frère de l’empereur indien Ashoka, converti au bouddhisme, et quelques moines missionnaires. Ils font connaitre les enseignements du Bouddha. L'île devient rapidement un bastion du bouddhisme.
La rencontre entre le roi cinghalais et le moine Mahinda est l'événement fondateur de l'histoire cinghalaise.
Depuis le 4ème siècle avant JC et pendant 14 siècles, la capitale Anurâdhapura se développe mais est souvent mise à mal par les conflits incessants avec l’Inde du Sud.
Premières véritables conquêtes tamouls (appelés aussi "malabars" par erreur aux 18ème et 19ème siècles : région du sud-ouest de l'Inde)
Le roi Tamoul Elara de la dynastie hindouiste Chola provenant de l'Etat Tamil Nadu juste en face sur la côte indienne du Sud-Est conquiert le Nord de l'île après s'être heurté à la résistance cinghalaise. Il règne de -204 à -161 avant d'être vaincu par un Cinghalais, Duttagâmanî qui édifie de superbes constructions notamment dans la capitale Anurâdhapura.
Une nouvelle offensive tamoule venue du Nord, en -104 chasse le roi cinghalais Vattagamani Abhaya de sa capitale, Anuradhapura. Celui-ci se réfugie à Dambulla, où il crée un immense complexe monastique bouddhiste (vihara).
Ptolémée cite l’île sur sa carte du monde vers -150 (ci-dessous dans une reproduction éditée en 1535).

Enracinement et rayonnement du bouddhisme primitif, le "Theradava"
Un concile d'unification impose en -25 le "bouddhisme Theravada", l'une des plus anciennes branches du bouddhisme ; on la nomme aussi bouddhisme du sud-est car c'est dans ces régions d'Asie qu'elle le plus implantée..
Pour les bouddhistes du monde, Ceylan était (ou est encore?) la source de la sagesse et de la foi.
Anurâdhapura devient et restera la ville sainte du bouddhisme pour les Cinghalais.
Deuxième vague Tamoul, enracinement et fondation de Jaffna
Les Tamouls de l'Empire Pandya conquièrent le nord de l'île, non sans résistance Cinghalaise.
C'est cet Empire indien, par ses liens ethniques et religieux, qui sera "la puissance tutélaire" des Tamouls de Ceylan, jusque même à la guerre moderne. Les Tamouls développent Jaffna à la pointe nord de l'île, l'une des escales de la "route de la soie".
Les Cinghalais reprennent Jaffna en 480 et expulsent une majeure partie des Tamouls.
Les deux grands groupes ethniques se constituent et forment de petits royaumes qui coexistent tant bien que mal au cours des siècles suivants.
Les Maures viennent ici avec l'islam
Les marchands arabes, les Maures, depuis le Golfe Persique et la Mer Rouge viennent s'installer dans les ports de l'île et introduisent l'islam. Mais les nombreux raids qu'ils opèrent sont destructeurs et affaiblissent l'île.
Ils épousent aussi des femmes cinghalaises.
Puis vers les années 750 se développe la navigation hauturière, plus rapide et qui évite les taxes et péages du commerce caravanier.
Troisième vague d'invasion des Tamouls
Troisième grande vague d'invasion des Tamouls. La zone qu'ils occupe reste unifiée et soutenue par le continent voisin.
Les Tamouls de l'Empire Chola (Rajaraja 1er) soumettent cette fois totalement l'île, qui devient possession du Tamil Nadu.
Le(s) siècle(s) d'or du bouddhisme ; coexistence pacifique
Le roi cinghalais Vijaya Bahu chasse les Tamouls et transfère la capitale de Anurâdhapura vers Polonnaruwa (restes du vihara ci-dessous) au centre-sud de l'île, qui le restera pendant deux siècles.
C'est le siècle d'or du bouddhisme dont la capitale resplendit de monuments magnifiques, mais aussi de temples hindouistes superbes.
Les rites bouddhistes et hindouistes, et les populations coexistent paisiblement.

Jaffna, royaume indépendant tamoul
Les Tamouls érigent Jaffna et sa région en royaume indépendant, qui va durer 400 ans (jusqu'à la destruction de leur capitale par les Portugais en 1619). Jaffna, ville escale majeure sur la route de la soie, s'enrichit et renforce son prestige. Les Tamouls introduisent probablement dans les basses plaines environnantes la riziculture ; et continuent de combattre les royaumes voisins.
Nouvelle capitale refuge des Cinghalais : Kotte
Menacé par les Tamouls au nord, un roi Cinghalais fonde une nouvelle ville, Kotte, au sud immédiat de Colombo. Elle est aussi refuge contre les assauts tamouls, dans des zones marécageuses.
La dynastie tamoul de Jaffna reconnaît la suzeraineté de l'Empire pandya, puis s'en affranchit. Jaffna entre dans une ère de prospérité et d'intense rayonnement culturel.
Avant la période coloniale et l'arrivée des missionnaires chrétiens, il y a peu d'antagonisme entre les différents groupes religieux de l'île. Les «frontières ethniques» sont assez «poreuses» et imprécises. Les mariages mixtes auront été fréquents; par exemple, des rois cinghalais du royaume de Kandy au centre du pays épousèrent des femmes tamoules afin de consolider les liens entre les différentes ethnies.
Mais surtout, a sud, les Cinghalais n'ont d'autre soutien qu'eux-mêmes, alors que les tamouls au nord s'adossent au sud de l'Inde.
Illustres visiteurs explorateurs
Marco Polo (1254-1324) aborde l'île et visite le fief tamoul de de Jaffna au nord.
L'extraordinaire explorateur musulman marocain Ibn Battuta au 14ème (1304-1377) accomplit un périple de 120 000 km entre 1325 et 1349. Quand il arrive à Ceylan, il trouve Colombo entre les mains de Jalasti, un “vizir et roi de la mer”, musulman qui commande une garnison d’abyssiniens.
Il veut visiter la deuxième montagne de Ceylan, le pic d'Adam (2 243 m) qui possède une trace sculptée sur un rocher, celui du pied d'Adam pour les musulmans. Il quitte Ceylan vers l'Inde avec des cadeaux offert par le sultan idolâtre de Ceylan, Airy Chacarouaty, dont des pirates hindous vont le dépouiller.
Aux 14ème et 15ème siècles, tandis que les Tamouls venus d'Inde établissent un royaume florissant dans la péninsule de Jaffna, au nord de l'île, des princes cinghalais fondent toute une série de capitales éphémères.
Voici d'abord les Portugais
1505 : une petite flotte portugaise menée par Lourenço de Almeida aboutit à Colombo, drossée par une tempête sur le chemin des Maldives.
Sur les traces des commerçants arabes et de Marco Polo, ils créent à Colombo un comptoir commercial pour les épices et la cannelle et chassent leurs concurrents arabes de la ville.
Ils y construisent un fort, mais prennent Kotte, au sud immédiat de Colombo pour capitale de leur colonie (plan portugais du fort de Colombo ci-dessous de 1650).

Après avoir transféré leur capitale de Kotte à Colombo en 1565, les Portugais achèvent les fortifications de Colombo et de Galle en 1578.
La côte cinghalaise est sous leur contrôle. Mais en dehors du nord Tamoul, un royaume résiste, celui de Kandy.
Un Anglais, Ralph Pitch, fait escale à Colombo, prend connaissance du pays, et inspirera la création future de la Compagnie britannique des Indes Orientales en 1600.
De 1593 à 1638, les Portugais tentent de faire tomber le royaume et brûlent et pillent cinq fois Kandy mais leurs troupes finissent toujours par se faire massacrer.

Puis viennent les Hollandais
Le 1er capitaine Hollandais touche l'île à Batticaloa à l'est. Aussitôt, le roi de Kandy lui propose une alliance pour chasser les Portugais. Elle ne se concrétisera que 50 ans plus tard.
Les Portugais prennent Jaffna, capitale Tamoul au nord. Ils détruisent en tout cas sauvagement tous les riches édifices Tamouls de la ville.
Après avoir fondé le port fortifié de Trinquemalay au nord-est, les Portugais contrôlent la totalité des côtes et détiennent par conséquent le monopole de ses richesses exportées.
Mais sitôt parvenus à leur sommet de pouvoir, leurs échecs successifs contre Kandy sonnent le début de leur déclin, et annoncent l'arrivée de leurs successeurs les Hollandais.
Après s'être emparés de Trinquemalay en 1639, les Hollandais répondent enfin à la demande du roi de Kandy et chassent les Portugais de Colombo en 1653.
Les deux ports de Galle et Colombo deviennent des relais pour la Compagnie des Indes Orientales néerlandaises.
Paradoxalement, les Portugais, en dépit de leur violence, laisseront beaucoup plus de traces derrière eux que ne le feront les Hollandais : la religion protestante ne supplante pas la religion catholique et de nombreux noms de famille gardent encore aujourd'hui la marque du passage des Portugais.
En 1658, les Hollandais importent à Ceylan les premiers caféiers.
En 1659, Jaffna, la dernière place forte portugaise, tout au nord du pays, 40 ans après avoir été conquise, tombe aux mains des Hollandais.
Ceux-ci adoptent une attitude plus prudente que leurs prédécesseurs vis-à-vis du royaume de Kandy. Ils ne l'attaquent pas de front et se contentent de commercer sur les côtes. Ils s'installent sur l'île pour environ 150 ans.

En parallèle, la France, après avoir fondé la Compagnie française des Indes orientales en 1642 (Richelieu), installe ses comptoirs sur la côte est de l'Inde à partir de 1668 (Colbert), mais échoue dans sa tentative de s'installer à Ceylan, même si Suffren le corsaire rôde plus tard dans les parages.

À partir du milieu du 18ème siècle, le système féodal en vigueur à Kandy dégénère. Des tensions apparaissent entre l'aristocratie cinghalaise et les rois, entourés d'Indiens du continent.
Parallèlement, les Hollandais se lancent dans des expéditions contre Kandy. Mais leur déclin commercial est amorcé et l'Angleterre veut profiter de la disparition de l'empire moghol pour assurer sa suprématie sur le sous-continent indien.
Enfin arrivent les opportunistes Anglais
Les grandes affaires européennes attribuent avec le Traité de Paris en 1763 l'Inde à l'Angleterre, qui dans la foulée veut s'accaparer Ceylan.
Déclarant la guerre à la Hollande, l'Angleterre prend Trinquemalay. Mais le corsaire du Roi Suffren qui passait par là bat les Anglais au large du même port (image ci-dessous). Il doit cependant se retirer pour éviter la Mousson après s'être lié avec les Hollandais.
Ceux-ci récupèrent Trinquemalay par le Traité de Versailles en 1783.

Pendant tout ce temps, sous l'impulsion anglaise, les Tamouls du nord, les "Tamouls cinghalais", sont devenus cette élite parlant anglais, placée aux rouages administratifs et judiciaires du pays.
Dans ce rôle, tout naturellement ils finissent par dominer et s'imposer à leurs compatriotes Cinghalais bouddhistes, pourtant majoritaires.
Ces derniers en éprouvent de forts ressentiments, un complexe de persécution, une humiliation sans recours, et par conséquent une farouche volonté de revanche.
Les très nombreux "Tamouls indiens" immigrés les plus récents se concentrent dans le nord et le centre.
Le contexte porte d'ores et déjà, en raison de cette façon "industrielle" de production agricole coloniale imposée par les Anglais, et de leur manière de créer cet encadrement local pour leur gestion, tous les germes de conflits sanglants entre Tamouls et Cinghalais.
Ils écumeront l'île dès l'indépendance de 1948, jusqu'aux affrontements finaux qui connaissent leur apogée des années 1983 à 2009.
Pendant les guerres de la Révolution en Europe, la France (le Directoire) occupe les Pays-Bas. Réfugiés à Londres, les responsables hollandais autorisent l'Angleterre à prendre le contrôle de Ceylan (1796).
Le traité d'Amiens confirme cette donation en 1802. Ceylan est rattaché à la Couronne anglaise et le sera jusqu'en 1931.
Les exactions du roi de Kandy sont un bon prétexte pour les Britanniques, qui lancent en 1803 une première expédition contre son royaume. En 1815 enfin, Kandy tombe entre leurs mains. Ceylan se trouve dès lors entièrement sous leur domination.
Les Anglais relancent et développent la culture du café introduit par les Hollandais et mettent en place le système des grandes exploitations, grosses consommatrices de main-d'oeuvre.
A partir des années 1820, les Anglais ont une relation privilégiée avec leur colonie indienne et ses élites. Ils la transposent à Ceylan, et confient à un encadrement local Tamoul l'administration de leurs colonies. Le personnel britannique sur place est peu nombreux et a besoin que ses décisions disposent d'un relais efficace. Pour cela, ils facilitent l'accès des Tamouls du nord aux plus hautes études
Ce point d'appui local, minoritaire, laisse les Cinghalais bouddhistes du reste de l'île qui sont majoritaires, hors du jeu et livrés à eux-mêmes.
Vers 1867, la culture du thé s'est beaucoup développée dans les montagnes centrales où le climat est le plus propice, au point de devenir l'une des principales ressources de la colonie.
Les Anglais développent la culture de l'hévéa pour le caoutchouc.
Issues de leur révolution industrielle, ils créent aussi les infrastructures de voies ferrées qui ceinturent aux 3/4 l'île et atteignent les zones centrales dès le milieu du 19ème siècle, leviers majeurs des développements et des productions coloniales.
En 1869, la maladie de la rouille du café achève de ruiner cette production dans l'île.
Les deux très grandes productions de Ceylan, thé et hévéa, dans des exploitations de grandes dimensions, mais aussi la riziculture conduisent les Anglais à recourir en masse à une main-d'oeuvre bon marché en provenance de leur grande colonie voisine, l'Inde : ce sont des Tamouls de l'Inde du sud, mais de basse caste, souvent des intouchables, qu'on nommera les "Tamouls indiens", pour les différencier des Tamouls ancestraux, nommés "Tamouls srilankais" issus des anciennes générations conquérantes du Tamil Nadu.
Dès les années 1873, avec James Taylor, le développement et la notoriété du thé de Ceylan sont considérables. La production atteint des proportions d'exportation mondiale. Le fameux Lipton investit ici en 1890.
Au détriment de celle, ancestrale et traditionnelle de la cannelle (le "cinnamon").

Deux villes, Galle et Kandy,
aux sorts entremêlés
Galle, l'ancestrale
Depuis -1400, la cannelle est exportée par le port de Galle ; le nom de cette plante serait d'origine hébraïque. Pourtant les Portugais disent en 1685 que le nom latin "cinnamonum" qui donne "cinnamon" en anglais, serait d'origine chinoise "Sin & Ha Mama" qui signifierait "pied de colombe ou de pigeon".
Vers -950, Galle pourrait être (ce n’est pas l’hypothèse la plus fréquente) l’ancienne biblique Tarshish (Tarsis) de l’époque du roi Salomon. Ce roi d’Israël venait chercher à Tarsis l’ivoire, les paons et d’autres précieuses denrées.


A cette époque, cette sorte de bateau à balancier indonésien (+800 environ) pourrait être un bon exemple de ceux qui étaient alors utilisés le long des côtes de l'Océan Indien jusqu'en Afrique.





La loi bouddhique, "la roue du Dharma",devenue le symbole du bouddhisme, et le lotus, sont deux symboles importants parmi les 8 symboles de l'enseignement bouddhique.
Epoque médiévale

545 : Galle a abrité l’une des plus anciennes « échelles du Levant », escale commerciale privilégiée (mais cette notion n'apparaît pourtant qu'à partir du 16ème entre l'Europe et l’Empire Ottoman).
Les Maures sont les premiers à investir la péninsule rocheuse de Galle, dont ils font un port-clé sur la route des épices, de la soie et des pierres précieuses. Ils pratiquent avec d'autres nations de l'océan indien le cabotage, très long et aussi coûteux que les caravanes par terre (plan ci-dessous en 1784).

Avant les Portugais, Galle est le port le plus important de l’île. Il commerce avec les Perses, les Arabes, les Grecs, les Romains, les Malaisiens, les Indiens et les Chinois.

Fondation du royaume indépendant de Kandy
Dans la même période, de la bourgade en altitude (500m) au centre-sud de l'île, une ville se développe, et va devenir capitale d'un royaume indépendant du centre, qui va résister aux conquérants Portugais. C'est Kandy (ci-dessus son petit lac en 1870), protégée des invasions grâce à son relief, les pluies de mousson ravinantes et le secret bien gardé de ses accès..
Ses fabuleux jardins datent de 1371.
Les premiers rois de Kandy sont d'origine locale, mais des rois originaires d'Inde du sud leur succèdent. Une administration féodale se met en place, bien adaptée au contexte de guerres fréquentes contre les voisins du royaume.
La prospérité du royaume permet une renaissance religieuse. De hauts dignitaires viennent du Siam pour restaurer la tradition du bouddhisme originel.
1411 : pendant ce temps à Galle, une pierre levée commémore la 2ème venue ici de l’Amiral chinois Zheng-He ; le message est écrit en chinois, tamoul et perse. Zeng-He est un eunuque chinois musulman, explorateur célèbre, devenu amiral de la flotte impériale chinoise ; curieux destin.
Epoque coloniale
Les Européens à la conquête de Ceylan
Les Portugais établissent à Galle un comptoir commercial (1507) et construisent le petit fort rudimentaire de Santa Cruz. Commerçants, soldats, jésuites lusitaniens érigent et développent le comptoir.
Les Portugais s'allient en effet avec le roi de Kotte, Dharmaparakrama bahu, qui les autorise à construire notamment une église à l’intérieur. Sensé assurer la sécurité des cinghalais, ce fort deviendra la prison des opposants aux Portugais.
Après s'être fixés à Colombo, ils élèvent du côté nord de Galle, sur l’isthme, un rempart de terre et de palissades avec une douve ; ils sont persuadés que la côte au sud, peu accessible avec ses hauts fonds, les protège des attaques par la mer. Ci-dessous, plans portugais de 1650.


Le roi de Kandy lance contre les Portugais un 1er assaut infructueux.

Toute l'opposition cinghalaise aux Portugais se donne pour capitale Kandy (ci-dessous les temples autour du lac au 19ème siècle).

1625 : au fort de Galle, devant la menace hollandaise qui se précise, les Portugais ajoutent 3 bastions au rempart nord.
1640 : sans grand effort, à Galle, les Hollandais prennent la petite garnison-redoute portugaise, venant en soutien du roi Rajasinhe II.
Puis ils bâtissent autour de la péninsule une puissante forteresse entre 1663 et 1669, les imposants remparts actuels faits de pierre de granit et de coraux, avec 14 bastions, et organisent la ville en damier. Ci-dessous, illustration hollandaise de 1672.

En 1667, les Hollandais au nord de Galle détruisent le rempart, élargissent la douve portugaise et construisent à la place les 3 bastions baptisés « Soleil », « Lune » et « Etoile » en doublant la muraille du côté de l’isthme. Le fort avait deux portes, dont la principale est au nord. En 1669, ils renforcent la porte nord par un pont-levis. Ci-dessous une illustration de 1754.

Le bastion « Flag Rock » avertissait les bateaux entrant dans le port de Galle des dangers des récifs de la baie, par des tirs de mousquet depuis l’île Pigeon tout près (peut-être dans l'illustration anglaise ci-dessous de 1807). Plus loin on trouve le bastion « Trion » où un moulin à vent élevait de l’eau de la mer pour arroser les rues poussiéreuses de la ville.

Un système d’égout acheminait par gravité les eaux usées vers la mer en tirant parti du cycle des marées. Des rats musqués des égouts, ils exploitaient l’huile parfumée, le musc.
De cette période datent à Galle l’église réformée hollandaise (1640) avec son beffroi (1709) mais modifiée entre 1752 et 1755, son cimetière hollandais, son orgue de 1760, son lutrin de bois de calamandre de Malaisie, la vieille maison du gouverneur, la résidence du Commandeur.
Le grand magasin, près de la vieille porte, construit vers 1669 stockait les épices et l’équipement pour bateaux.
Du côté de Kandy, au début du 19ème siècle, le dernier et faible roi Sri Wickrama, mène une politique de terreur conduite par sa cour rapprochée : ses sujets sont empalés, suppliciés ; il perd le soutien du peuple comme de l'aristocratie. La barbarie, qui n'était pas l'apanage de l'Asie, n'est pas chose rare en ces temps avec ses raffinements dans l'horreur (illustration hollandaise de 1672 ci-dessus).

Le 1er arbre à thé est planté par les Anglais en 1824 (ou 1836?) dans les Jardins Botaniques de Kandy.
Barbarie et raffinements, le roi de Kandy laisse par ailleurs de somptueux édifices à la ville et reçoit avec faste les Hollandais par exemple (ci-dessous).

Le temple de la Dent du Bouddha est construit sous son règne (illustration ci-dessous de 1865).

Pendant ce temps, Galle connaît avec les Anglais une nouvelle prospérité.
Le port est le plus important de l’île et accueille au 19ème toutes les grandes Compagnies maritimes.
Mais la nature dans les environs reste intacte ; ci-dessous une gravure "près de Point-de-Galle" en 1847.

Les remparts portent en frontispice « Dieu et mon droit », la devise anglaise, en français comme on sait. La douve au nord est supprimée, la porte nord est élargie en 1897 pour faciliter le trafic vers la vieille ville. Ils construisent des maisons, érigent le phare et une porte entre les bastions de la Lune et du Soleil. Une tour est construite en 1883 pour le jubilée de la Reine Victoria.
Mais les Anglais construisent sur le site de Colombo un port artificiel et en font la nouvelle capitale.
De là, l’activité de Galle décline inexorablement.
Kandy de son côté deviendra la capitale du commerce du thé et du café sous la domination anglaise, puis aujourd'hui celle du bouddhisme sri lankais avec son temple de la Dent sacrée du Bouddha.