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Photo du rédacteurJean Lacroix

Emotions géologiques autour du fleuve Colorado : 1- Bryce Canyon

Dernière mise à jour : 9 mai 2021

lors d'une boucle entre Las Vegas et Moab autour du grand fleuve coloré, en août 2018, voici d'abord Bryce Canyon.


Gisement incroyable d'émerveillements issus de la très longue histoire géologique de cette grande région, cette partie du grand ouest américain est un spectacle permanent, principalement dans l'Utah, et marginalement l'Arizona (du nord) et le Nevada (de l'est).


Encore se limite-t-on ici aux charges émotionnelles (pour parler "à la mode") les plus fortes.


Prenons notre boucle de découverte à rebours ; car elle correspond à cette gradation croissante dans le spectaculaire, l'enchantement, l'émotion profonde.



Et que la fête commence!

Inépuisable spectacle, bientôt exhibitionniste


Au nord du Colorado, sur un plateau de grès qui avoisine les 2700 mètres, et où, même fin août le vent se fait frisquet, voici Bryce Canyon.

On obtient le pass gratuit pour les shuttles dans le "Visitor Center" de Bryce Canyon City où se trouve notre hébergement, à peu de distance d'un enclos où se tiennent régulièrement des rodéos (que nous ne verrons pas).


antilopes broutant paisiblement dans le parc national de Bryce Canyon
antilopes à Bryce Canyon, Utah

Après avoir franchi la guérite d'entrée du parc avec notre pass annuel de 80$ qui donne accès à tous les parcs nationaux (celui de Bryce Canyon en fait partie), à travers la forêt clairsemée, de tranquilles antilopes aux longues oreilles broutent paisiblement, et sont une première attraction.


A l'annonce des viewpoints, nous quittons le shuttle pour nous diriger à pied vers l'est.


Et nous voilà pris d'une exaltation juvénile comme celle qui nous prend à humer l'air iodé à l'approche de l'océan et du large.

Pressons le pas.



merveille des hoodoos à Bryce Canyon, Utah
1er choc d'éblouissement au bord du rim trail d'un cirque de Bryce Canyon

Car soudain le plateau se dérobe et s'entame profondément d'une succession d'immenses cirques, de vastes amphithéâtres naturels qui s’incendient d’une nuée de très hautes et verticales aiguilles de roches, les "hoodoos"(1), innombrables et somptueux hérissements, crêtes étroites peuplant comme une foule en liesse le fond profond de ces vallées.


Et la fête est inépuisable.



(1) de Wikipedia : les "hoodoos,, souvent nommés en français "cheminées de fées".

Leur nom leur aurait été attribué par les arrivants européens venus du sud-est des États Unis (et plus probablement des Caraïbes), en référence au culte vaudou, attribuant à ces formes naturelles des pouvoirs magiques.


Bien avant, ici, les amérindiens les prenaient pour les restes pétrifiés d'anciens êtres qui auraient été punis pour avoir mal agi.



Bryce Canyon, pas vraiment un canyon mais une multitude de défilés très encaissés qui s'enchevêtrent, rayonnent, dont on perd la trace, de courtes et creuses vallées en "V", profondes d'au moins 200 mètres.


Le long du "Rim Trail", ce chemin en balcon qui longe le haut des falaises, au gré des belvédères successifs, on est saisi par cette extraordinaire symphonie chromatique dont la tonalité principale varie entre l'ocre et l'ivoire.


Certaines de ces crêtes-murailles sont si fines qu'on les croirait transparentes.


un exemple des magnifiques paysages à contempler à Bryce Canyon, Utah
un exemple d'incroyables et fines murailles naturelles de grès dans le parc de Bryce Canyon, Utah

D'autres semblent des ruines d'un ardent temple d'Angkor Vat...

un autre exemple d'un dense hérissement de hoodoos dans le parc national de Bryce Canyon
Bryce Canyon, étranges et fantastiques colonnades sculptées par la nature

... ou bien le sommet léger de hautes tours délabrées,...


encore un autre exemple somptueux du travail d'éosion à Bryce Canyon
comme d'élégants vestiges d'une civilisation disparue, travail de l'érosion sur plusieurs dizaines de millions d'années

... pendant que d'autres encore, aériennes, se parent en leur sommet de coiffes d'elfes d'une étonnante blancheur.


moins vigoureusement colorés, d'autres édifices naturels à Bryce Canyon
blanches coiffes d'elfes (ou "tent rocks") à Bryce Canyon

Longuement, on se délecte avec enthousiasme de ces infinies variations quand on passe d'un site au suivant (du nord au sud : Fairyland Point, Sunrise Point, Sunset Point, Inspiration Point...), qu'enrichissent la lumière changeante du soleil et de lourdes pluies sombres qui s'abattent au loin.


un parcours facile, devant ce monumental hoodoo isolé, où passent même des chevaux
Le Queen Victoria hoodoo, sur le "Queen Victoria Trail" depuis "Sunset Point"

Si l'oeil reste ébloui à force d'en voir tant, c'est plus par ce remarquable caractère spectaculaire et esthétique, extrêmement photogénique.


Car même le plus maladroit des photographes ne peut manquer d'en retirer de superbes clichés.


quand l'extraordinaire se répète à Bryce Canyon
Bryce Canyon, autres pentes enchantées


Le 2ème jour pourtant, la fascination s'émousse un peu et fait place à une sorte de captivante attraction, toujours vive, mais qui s'effiloche quand on avance sur le rim trail de viewpoint en viewpoint.


Tenter de perpétuer la fête, c'est prendre le risque du trop plein, de l'exhibition facile, aussi divers que soient les paysages.


Sans pour autant encore que se rompe la magie.




... la gueule de bois n'est pas loin


Alors pour éviter un peu de la gueule de bois, il reste une envie, celle de quitter notre vision élevée, qui toise et englobe les panoramas, pour voir les choses depuis le fond des passages, prendre la mesure de la dimension des ces fins colosses dressés.


descendre les pistes blanches et se faufiler entre les hautes colonnes ocres, les plaisirs de la randonnées à Bryce Canyon
au départ de la "Navajo Loop" depuis "Sunset Point" à Bryce Canyon"

L'envie de s'enfoncer -modestement, à la mesure de nos capacités- dans l'un de ces sentiers blancs et ocres (Navajo Loop, "Queen Garden Trail"...) qui zigzaguent entre les hoodoos, parfois serpentent comme un fil blanc sur quelques crêtes, pour vivre de l'intérieur le vertige des précipices et ces flamboyantes étrangetés, de ressentir la difficulté de la pente à l'intensité du souffle.



... de lever cette fois la tête pour apercevoir les sommets des mille et une compositions aléatoires, issues de la très lente érosion du grès de consistances diverses formées à longueur d'ères (entre -60 et -40 millions d'années) par le vent, les extrêmes températures, la neige, le gel, les furieuses pluies de courts déluges d'automne. .


Au milieu de ces indescriptibles formes sculptées poussent d'étonnants pins têtus à très haute cime.


Et là-haut la bordure nette du rim trail piquée d'autres pins, vers laquelle on revient.



.

Le vif chipmunk s'en fout et grignote, un autre spectacle de tout premier plan, minuscule, face aux gigantesques délires naturels.



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