Tropiques européens? Où trouver ces latitudes dans l'UE sans aller vers de lointains outremers?
- Jean Lacroix
- 8 avr. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 oct. 2021
Le tourisme sous tropiques où l'on paie en euro, c'est possible, plus près par exemple que les Antilles ou la Réunion.
Sans devoir faire un quart de tour du Monde vers l'Océan Indien (la Réunion), ou franchir l'Atlantique vers les Antilles, quelle est cette région de l'UE qui frôle le Tropique du Cancer, presque dans notre proximité continentale?
C'est, c'est...
Ce sont ce que le monde antique, un peu optimiste, nommait déjà "les Îles Fortunées".
Nommées ensuite les Canaries, pour les chiens -et non les canards- qui y sont découverts à l'arrivée.
C'est l'archipel des maigres pluies, des douceurs semi-tropicales assez constantes l'hiver (18°C) et des températures estivales raisonnables (jusqu'à 30°C), celui des corollaires alizés, toujours là qui assèchent certains versants, alors que d'autres verdoient vers les îles de l'ouest.
Pourtant la température des eaux atlantiques y reste assez fraîche, entre 19 et 23°C,
C'est surtout l'archipel des paysages volcaniques remarquables. Le "grand d'Espagne", le Teide est le sommet le plus haut d'Espagne, qui est ici et non dans les Pyrénées.
Le parc des volcans de Timanfaya à Lanzarote est incontournable.
et les panoramas remarquables, parfois somptueux, ...
L'habitat traditionnel canarien, qui a tiré parti des matériaux locaux, est typique et d'un pittoresque unique.....
et la flore, souvent endémique (pins et palmiers canariens, dragonniers...), pourtant assez proche de celle des climats sud-méditerranéens, exprime une belle originalité.
Pourtant, l'irrésistible attrait est aussi dans ce qui fait le caractère propre de chacune des îles, bien sûr le Teide à Ténérife, mais aussi les "gerias" et les salines de Janubio à Lanzarote, la station astronomique de los Muchachos à La Palma, le Roque Nublo à Gran Canaria, pour n'en citer que quelques-uns.
La Palma ; depuis le Roque de los Muchachos (2426 mètres), la caldera de Taburiente plonge vers la mer au loin vers le sud-ouest ; le ciel est si pur qu'une fameuse station astronomique internationale y est installée
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NB- Mais à La Palma depuis le 19/09/2021, une éruption du "Cumbre Vieja" dont le cratère est à peu près au milieu de l'île un peu sur le versant ouest, déverse un flux de lave ininterrompu. La coulée a atteint la mer le 28/09 et détruit plusieurs centaines de maisons. De l'avis des experts, l'éruption peut durer encore des semaines, sans pouvoir en déterminer la fin.
Eructations, reflux, remugles, renvois, relents et rots d'un Vulcain digérant un trop copieux festin. Les spasmes d'un enfer.
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Avec pour monnaie l'euro, à 4 heures d'avion de Paris par exemple, en cette période covidesque la seule contrainte un test PCR négatif. L' archipel attire les touristes européens de toutes origines, mais pas seulement.
A l'espagnole, il a promu le tourisme de masse (par exemple à Maspalomas, au sud de Gran Canaria, ou Playa de las Americas à Ténérife...).
Amoureux des paysages souvent majestueux, randonneurs sur d'innombrables et superbes pistes, hédonistes de plages sur sable noir, rarement blanc, et sous le vent, surfeurs à Lanzarote, cyclistes à l'assaut des pentes de Gran Canaria, amateurs des vestiges historiques pré-hispaniques ou pré-colombiens des premiers temps de la conquête, ou d'architectures typiques, curieux des genèses volcaniques et d'étonnants panoramas de bout de monde, de la flore typique (la faune n'est pas ici très riche), ou même des trésors de patience inventive des paysans, on y trouve à coup sûr de très riches champs d'intérêt ; qu'il est possible de savourer à longueur d'année.
Une destination de grand plaisir tranquille (dès qu'on s'éloigne sans difficulté, des zones de dense hébergement) et de pittoresque surprenant, à un bond de réacteurs.
Dépaysement garanti, chacun y trouvera son bonheur, avec notre prédilection personnelle pour le caractère sauvage de Lanzarote et la majesté du Teide à Ténérife.
Un poil d'histoire
Après les probables phéniciens dans la période antique, les conquérants européens ré-abordent et conquièrent cet archipel dès 1402 (français avec Béthancourt -du pays de Caux-, portugais, espagnols...) en cabotant sans trop grand risque depuis la pointe sud-ouest du Vieux Continent vers le sud et la côte ouest du continent africain dès le début du 15ème siècle.
Les espagnols qui s'accaparent l'archipel n'achèvent cependant de la conquérir qu'en 1496, au détriment des valeureux peuples indigènes, appelés les Guanches dans certaines des îles.
Les européens, convaincus de la constance et de la force des alizés, et depuis l'Antiquité de la sphéricité de la terre (dont ils minimisaient par erreur le rayon), depuis cet archipel osent se lancer avec Colomb en 1492 vers le Ponant et la redoutable "Mer des Ténèbres" (l'Atlantique de ces latitudes) à la recherche des Indes.
A l'opposé des chemins traditionnels par le Levant que les Ottomans venaient de couper en 1453 (bataille de Constantinople), ces routes fabuleuses que relatait Marco Polo.
L'archipel devient ensuite le relais depuis lequel, une fois l'Amérique découverte, les navigateurs européens viennent ici gréer leurs navires, se ravitailler en eau et en nourriture, recruter les marins et les artisans pour des échanges commerciaux fructueux avec le Nouveau Monde.
Au point que les vents réguliers qu'en français on nomme du doux nom "d'alizés" sont pour les anglais mercanto-pragmatiques les "trade winds" (les vents du commerce), en tout cas dans le sens est-ouest. Le retour vers l'Europe se fait plus au nord et directement vers les ports de l'ouest européen, en tirant parti du Gulf Stream.
De là date l'essor et la prospérité de l'archipel des Canaries depuis la période colombienne jusqu'au 19ème siècle.
Avant son déclin que seul le tourisme, ou presque, allait réhabiliter au 20ème.
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