Sri Lanka sud-ouest
Sérénité de temples reculés, et Ambalangoda
De petits temples bouddhistes, sérénité et rococo d'Asie du sud
L'attrait que nous avions déjà ressenti pour les temples bouddhiques reculés, à l'écart des villes agitées et même de villages s'est vu largement confirmé.
Sur la hauteur choisie, en général à l'écart des villages, toujours protégés derrière un écran, qui est aussi écrin de luxuriante verdure, ils baignent dans une atmosphère de presque parfaite sérénité, loin des cohues de Kandy ou de Colombo.
Ceux que nous avons vus en utilisant les moyens de déplacement décrits, sont assez bien entretenus.
S'ils présentent toujours plusieurs statues de bouddhas, au moins un stûpa et des fresques illustrant la vie du très vénérable, ils différent par la taille des statues, la manière plus ou moins réaliste et expressive, en images à plat ou en bas reliefs, d'illustrer les événements relatifs au Bouddha.
Ils évoquent parfois aussi le contexte historique, comme les affrontements anciens (pas ceux des derniers épisodes trop récents) entre Tamouls et Cinghalais.
En général, nous sommes seuls avec notre chauffeur de tuk tuk et un moine.
Le silence parfait permet de prendre le temps de contemplation, de l'observation.
Que le sol soit de sable ou rocheux, le parcours forcément pieds nus sous le soleil brûlant avant de pénétrer dans le temple, devient un chemin sur la braise, que nous essayons d'écourter.
Au centre de l'ensemble des bâtiments trône un stûpa ceint d'un bandeau ocre safran qui pourrait être de soie, peut-être à l'occasion d'une de ces nombreuses fêtes passée ou à venir comme celle de la Plein Lune.
A l'intérieur où nous conduit un jeune moine, derrière un rideau de voile, un très imposant bouddha assis méditant, à la sérénité très évocatrice impressionne par sa majesté et le regard qui semble scruter avec une bienveillante sévérité celui du pèlerin qui passe.
A environ 4 km à l'est-sud-est de Hikkaduwa, voici le temple Morakola Gangarama,
en retrait du lac Ratgama.
La blanche façade qui est l'entrée du
temple est d'une élégance raffinée,
plutôt d'inspiration thaï.
Sur les murs de la galerie du bâtiment latéral, de grands panneaux représentant des scènes de la vie du Bouddha, très figuratives, véritablement à la manière d'une bande dessinée.
L'encadrement de l'une des portes du temple est décoré des motifs traditionnels (Makara au sommet, Torana en haut de la porte), avec ce raffinement dans le détail, cette sensualité des postures et une grande richesse décoratives typiques de l'art sacré plutôt thaïlandais.
On remarque en haut à droite un étonnant lapin et de part et d'autre de la porte une représentation dessinée du Sandakana prahana , à défaut de l'avoir concrètement installé au sol.
Mais le plus extraordinaire est la profusion de statues très colorées, figuratives, organisées en scènes successives souvent réalistes, opposant la fureur et la cruauté ici, à l'harmonie sereine ailleurs, certainement destinées à impressionner le visiteur.
Elles s'alignent parfois aussi le long d'un haut mur en belles perspectives.
L'ensemble -doit-on dire rococo asiatique, ou bien même kitsch sans connotation péjorative- est d'un réalisme abouti, minutieux, tout à fait semblable aux représentations d'échelle plus réduite escaladant les temples hindouistes.
Entre quelques objets et meubles de la vie quotidienne, guerriers, princes et princesses, lions, cobras dressés, démons bleus, sabres sanglants, enfants tranchés ou qu'on étrangle, tous entourent le bouddha, avec un symbolisme des couleurs que l'on devine raisonné.
Cet effet "rococo asiatique" certainement involontaire (puisque ce mot est typiquement occidental) est renforcé encore par l'arrière plan de ces scènes, de grands panneaux peints avec les mêmes effets colorés, qui représentent d'autres personnages observant avec effroi ou émerveillement l'avant plan de statues.
Les personnages sont représentés en vraie grandeur, si bien que le jeune moine parmi elles avec sa robe safran paraît s'intégrer dans la scène qu'il commente.
Marlène se dérobe sous le regard inquisiteur d'un guerrier moustachu.
Est-ce ici l'aspect populaire de l'art bouddhique, pour cette sorte de temple qui semble plutôt récent (19ème ou 20ème siècle?) .
En allant vers Ambalangoda au nord de Hikkaduwa, enchâssé sur un minuscule îlot à 150 mètres de la côte, on aperçoit depuis la route un autre petit temple blanc coiffé de palmiers du plus bel effet qui semble amarré sur l'eau splendide.
C'est le temple Seenigama Vihara.
Pléonasme, puisque "vihara" signifie "monastère" et par extension de langage "temple".
D'après le Petit Futé, outre son pittoresque, il a une particularité originale : c'est "un des seuls temples de l'île où les victimes d'un vol peuvent réclamer vengeance. Il leur faut pour cela acquérir au temple une huile à brûler spécialement préparée à base de piment et de poivre. La faire brûler en récitant un mantra dès leur retour chez eux leur assure de voir le voleur puni dans les jours ou semaines qui suivent."
Nous ne prendrons pas le temps, ni à la nage, ni en bateau de le visiter.
Au nord-est d'Ambalangoda, sur une colline entourée de grandes plantations de cannelle, à travers des pistes que nous parcourrons en tuk tuk, voici un autre temple remarquable, celui de Galagoda, dans le village de Karandeniya, juché au sommet d'une plateforme rocheuse que le soleil embrase.
Un traditionnel bouddha doré, debout cette fois, abrité sous un dais, et dont le vent emporte un pan de robe, semble en lévitation au-dessus d'une immense fleur de lotus pourpre, à côté d'un stûpa sans surprise.
Mais ce temple se démarque surtout par un haut et long bâtiment qui s'apparente de l'extérieur, à un grand hangar aux belles portes décorées. Jusque-là, rien que d'assez banal.
A l'intérieur, on comprend mieux la raison des dimensions du bâtiment : un colossal bouddha couché est représenté allongé, la tête reposant sur un énorme traversin.
On dit que c'est le plus grand bouddha couché de l'île, environ 35 mètres. Les guides indiquent que sa longueur exacte ne peut pas être connue car il serait sacrilège de le mesurer. Il daterait d'il y a 800 ans environ, à l'époque du roi Parakramabahu II (1291 - 1302).
Toutes proportions gardées, les pieds sont énormes.
L'ensemble a dû récemment être restauré quand on constate la fraîcheur intense des couleurs, y compris sous le toit entièrement décoré. Impression corroborée par le délabrement dans lequel l'ont trouvé d'autres guides plus anciens.
Le lieu à l'abandon, souvent pillé, n'était plus occupé que par des chauves-souris dont les fientes avaient noirci la statue. Il saisissait par sa puanteur.
Les travaux semblent ne pas être encore achevés puisqu'un échafaudage subsiste au-dessus des mollets du géant.
Un site historique précieux qui revient donc de loin, sauvé par la ferveur cultuelle du courant Theravada propre au bouddhisme sri lankais.
Si globalement, la facture beaucoup plus ancienne des statues est moins expressive que celle par exemple du temple Morakola Gangarama, il en émane une digne noblesse de toute beauté.
Une vue globale permet à peine de voir la tête reposant et au fond, là-bas, les pieds.
Le roi Elara
L'autre caractéristique, dans la galerie d'entrée parallèle au bouddha couché, c'est une belle perspective de hautes statues en pied représentant d'autres bouddhas ou ses disciples.
Enfin face à face à chaque extrémité de la galerie, derrière des grilles qui semblent les retenir, un groupe de farouches guerriers conduits chacun par leur prince monté sur un éléphant caparaçonné.
D'un bout, il s'agit de l'armée Tamoul (celle des seigneurs anciens du nord) conduit par le roi Elara, de l'autre de l'armée Cinghalaise conduite par le roi Dutugemunu, qui s'apprêtent à s'affronter, au 2ème siècle avant JC.
Les 208 marches qui descendent sur le versant opposé à celui de notre arrivée conduisent au village de Karandeniya sur la butte en face.
Le roi Detugemunu
Sur l'un des chemins de retour en tuk tuk, le chauffeur nous laisse visiter quelques minutes (le forfait de presque 800 roupies est d'une heure) un autre temple, qui est celui de son village.
Certainement plus récent, il ne manque pas d'allure et de charme, dans sa blancheur immaculée.
Sous le toit central, l'arbre sacré en stuc abrite les quatre représentations du bouddha assis aux points cardinaux.
Un peu ... du bouddhisme Theravada
Le Theravada est l'une des trois branches du bouddhisme, plus proche du bouddhisme primitif que les autres traditions bouddhiques existantes. C'est la branche la plus ancienne.
Le Sri Lanka se définit comme le berceau du bouddhisme theravada. Son introduction commence au 3ème siècle avant J.-C.
Son insularité l'a protégé des invasions extérieures. La Doctrine des Anciens y prospère ; deux siècles plus tard, le canon bouddhique Theravada en langue pali, nommé Tipiṭaka, est rédigé par une assemblée de moines sur des feuilles de palmiers. À cette époque, le Sri Lanka devient le centre spirituel du bouddhisme theravada, suivi principalement par l'ethnie cinghalaise. Le but était ainsi de fixer pour la première fois par écrit le Dhamma, enseigné et transmis jusqu'alors oralement.
Contre l'usage actuel, le terme "Theravada" ne devrait jamais être employé pour désigner le bouddhisme ancien ou primitif, mais bien seulement le courant cinghalais qui s'est formalisé aux environs du 5ème siècle. de notre ère.
La doctrine du theravada explique comment accéder soi-même à la délivrance en devenant :
- un arahant (personne délivrée parce qu'elle a suivi la voie enseignée par le Bouddha sans bénéficier de l'omniscience),
- un bodhisattva (personne qui cherche absolument à devenir un bouddha pour enseigner en pratiquant les vertus dites paramita) ou
- un sambuddha (« bouddha parfait », personne qui, possédant une compréhension parfaite des enseignements du Bouddha, accède à l'éveil et peut enseigner).
D'après le canon pali, le Bouddha aurait dit : « On est son propre refuge. Qui d'autre pourrait être le refuge ? ».
Ce qui signifie qu'on ne peut attendre de personne l'obtention de l'illumination. Il faut chercher en soi-même la vérité et, pour atteindre ce but, suivre le Noble Chemin Octuple.
Elle rejette catégoriquement l'idée d'un Dieu créateur et tout puissant, ainsi que l'idée d'un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques.
Voilà de quoi séduire un athée.
La ferveur moderne et populaire dont il est possible de témoigner semble pourtant montrer que l'existence divine et la recherche du salut par l'offrande, moins exigeante pour soi-même, imprègne le plus la pratique des pèlerins.
Sri Lanka, Ambalangoda,
port de pêche et marché aux poissons
A Ambalangoda, dans la rue parallèle à la côte qui s'insère entre cette dernière et la voie principale par laquelle nous sommes venus, se trouve ce qui semble être le coeur commerçant, avec des boutiques où se vend beaucoup de poisson, frais mais aussi séché.
Le Routard traite cette activité avec un peu de condescendance et sans exprimer d'intérêt majeur pour celle-ci
Pourtant, l'odeur du poisson séché n'est pas insupportable.
Les amoncellements ordonnés de poissons séchés de toutes tailles, répartis dans de vastes cartons ou des couffins tressés, ou bien suspendus, ne manquent pas de pittoresque ni d'une authenticité certaine.
Dans de grands sacs ou d'autres paniers voisins respirent des épices, à côté de petites pommes de terre ou d'autres légumes
La vente d'huile se fait comme chez mon grand-père épicier il y a 50 ans, avec des pompes à main montées sur des cylindres métalliques.
Les pêcheurs maigres au regard farouche ne nous font pas le meilleur accueil quand on aborde les cabanes de fortune dressées entre les herbes folles et les cocotiers de la rive, au-dessous des étals de bois du petit marché. Discrétion.
Plus loin, d'autres cases ont plus l'allure et la netteté de maisons d'habitation.
De même, des étals de bois lavés à grande eau exposent le poisson frais à vendre, de petits thons, une portion de requin qui se débite en tranches, , des seiches.... et bien d'autres variétés.
Sans parler des robustes petites balances, de la caisse qui n'est ici qu'une bassine en plastique, des journaux destinés à envelopper le poisson, tout contre un tuk tuk.
Malgré un camion réfrigérant "Sam Lanka Ice" garé auprès des bateaux de pêche, pas de trace de glace sur les étals.
Directement du pêcheur au consommateur avec une exigence impérative : faire cuire très vite.
Le port un peu plus bas est aménagé dans une sorte de petite rade presque refermée par une jetée faite de pierres accumulées.
Au fond sont rangés, étroitement côte à côte les bateaux colorés, tout hérissés de ce qui sont peut-être des canes à pêche, et de nombreux petits oriflammes courts aux couleurs bouddhiques.
Certaines barques sans moteur ont cette coque étroite où ne peut s'asseoir qu'un homme, et un balancier rustique dont le bras est fait de tiges de bambou légères mais robustes. Seul le flotteur est standard, fait de résine moulée.
Sri Lanka,
du bon usage des ressources naturelles locales : le bambou
Le bambou sous ces tropiques-là est très répandu ; son utilisation ne se limite pas au balancier du bateau.
Hampe longue et souple de fanion ou de drapeau comme par exemple au stade de cricket de Galle, on le trouve souvent aussi comme étais dans la construction des maisons ou des petits immeubles, à la place des coûteux étais métalliques, et dans les échafaudages et les "soutiens structurels" pour le bâtiment.
Les spécialistes disent en effet qu'il a une meilleure résistance à la pression que l'acier.
Une sorte d'optimum écologique et économique, mais aussi ...nourriture de base des pandas, qui présente encore bien d'autres intérêts.
De plus, pour les producteurs, ce n'est pas une espèce de bois mais une plante auto-régénérante de la famille des graminées, comme les céréales, ou certaines herbes : pas de nécessité de replanter ; il crée ses propres pousses. Et sa croissance est rapide.
Tout pour plaire.
Sri Lanka
Ambalangoda, musée des masques somptueux, bois léger et strychnine
A l'extrémité nord du village, après avoir longé de belle et vastes maisons qui détonnent quand on quitte le marché aux poissons très populaire, là où cette rue intermédiaire rejoint la voie principale se trouve un musée du masque, de belle notoriété.
Musée privé détenu par la famille Ariyapala.
Pour le magazine Géo, ce musée est la capitale du masque de l'île et la garantie d'authenticité des masques sri lankais.
Dans cet établissement privé dont en entrant on apprécie avec une certaine volupté la fraîcheur de la climatisation, on fabrique et on expose les masques traditionnels qui étaient utilisés pour les fêtes et le théâtre ancien, la danse, et d'autres cérémonies, processions.
Un atelier sous auvent d'éverite permet de voir à l'oeuvre quelques artisans en train de fabriquer les masques, sculptés sur bois, auxquels ils appliquent avec soin des peintures très colorées.
On dit que par le passé, les masques étaient sablés avec des feuilles rugueuses ou de la peau de requin. Aujourd'hui, ce sont de petites meules.
L'exposition est d'une très grande richesse, avec des masques de tailles très différentes, aux couleurs flamboyantes, tous présentant des yeux exorbités, des mâchoires grandes ouvertes aux très fortes dents blanches dont les canines sont souvent démesurées comme des défenses éléphantesques, souvent langue pendante, nez aux narines épatées ou en bec.
L'arrière de la tête est toujours enveloppé d'une sorte de couronne aux couleurs et aux formes éclatantes évoquant deux symboles principaux, la queue emplumée du paon faisant la roue et le cobra dressé, souvent multiplié, tous stylisés en référence aux légendes du bouddha et aux mythes locaux.
Les effets sont parfois cocasses, hilarants, souvent destinés à effrayer par les grimaces, avec une diversité d'inspiration inépuisable, et des motifs décoratifs qui ne sont pas sans rappeler ceux des temples mayas par exemple.
D'autres masques moins nombreux ne présentent pas cet atour somptueux mais sont pourvus, à la place d'une longue et hirsute chevelure. Les 18 démons?
En bois blanc ou sombre, de belles têtes reproduisant probablement aussi celles de statues des temples.
Les prix sont à la hauteur de la qualité sans pour autant être excessifs.
Mais où placer un tel beau masque chez soi sans craindre de devoir en faire l'élément central d'un mur? ou sans être frappé d'apoplexie la nuit face à un démon? Et finalement de lui faire trop de place...
On utilise différents bois durs comme l'ébène, le teck, le santal, mais ici préférentiellement du bois léger qui s'apparente au balsa (ce bois par exemple utilisé par les indiens Maleku du Costa Rica pour fabriquer leurs propres masques) ; c'est du "kaduru", ou bois de vomiquier.
De ses fruits on extrait la strychnine, découverte par des savants français en 1818, dont les effets dépendant beaucoup du dosage.
A faible dose, son effet vomitif est connu, d'où le nom de l'arbre en français. Mais c'est aussi un produit dopant très utilisé par les sportifs au début du 20ème siècle, et dont Hitler plus tard se faisait injecter jusqu'à 6 doses par jour pour tenir sous les bombardements soviétiques de Berlin.
Enfin à dose plus élevée, il provoque la mort.
Mais retournons aux masques. Les connaisseurs en distinguent trois genres :
- les masques kolam : de culture populaire, ils sont utilisés lors de représentations théâtrales.
- les masques raksha : portés lors de processions et de fêtes. Ils se réfèrent au roi-démon du Ravana. Ils représentent des cobras, des nagas, des garudas ou des gurulus, un oiseau mangeur de serpents.
- les masques sanni : ils servent à exorciser la maladie, physique ou mentale. Chaque masque représente un type de maladie particulier. Il en existe 18 différents au total, désignant les maux d'oreilles ou de dents, les furoncles, la folie ou la cécité par exemple.
A l'étage inférieur, c'est une exposition assez pédagogique, bien organisée et mise en scène, qui présente des masques rustiques plus anciens et très authentiques, expliquant et illustrant avec soin l'histoire du théâtre populaire et royal en Inde et au Sri Lanka.
Mais aussi reproduisant avec quelques mannequins des scènes particulières, et racontant la manière d'extraire les démons qui sont la cause de maladies.
Seule l'attitude, empreinte de condescendance hautaine d'une des guides, probablement habituée à rencontrer de plus raffinés touristes, anglophones de surcroît, gâche un peu le parcours, d'autant qu'elle se dépêche de débiter en anglais son discours et nous abandonne ensuite à nous-mêmes.
Les commentaires affichés en anglais sont heureusement très complets et suffisent à la compréhension d'ensemble, tant qu'on dispose du temps suffisant pour les parcourir et qu'on s'intéresse au contexte.
On y apprend un peu du fonctionnement du théâtre ancestral, quels personnages royaux ou populaires en étaient, avec le bouddha, les héros, quelles fables en sont l'objet.
Sri Lanka,
clichés souvenirs des mariages
On peut se demander quel lien il peut y avoir entre le musée des masques ci-dessus et les photos souvenirs que font les sri lankais juste mariés et leur famille, dans certains cadres qui leur paraissent esthétiquement le mériter.
Des photos qui restent cependant, même dans la coutume moderne, des souvenirs très clichés, standards, "bateaux", finalement banals, mais ici spectaculaires pour le touriste voyeur.
Notre coutume occidentale est la même sur ce plan, tout aussi "cliché" et conventionnelle.
De fait, on assiste un soir dans la cour d'entrée de notre hôtel à une sorte de défilé d'un mariage, mariés, familles et invités.
Sous les frangipaniers étoilés de leurs lourdes fleurs blanches dont le suave parfum ne s'exhale qu'en y plongeant le nez dedans, et l'inévitable et toujours spectaculaire "arbre du voyageur", un défilé de noce est précédé de danseurs.
Certains portent un long tambourin horizontal qu'ils martèlent sur les côtés ; les danseurs interprétent une chorégraphie très particulière, familière aux invités. Ils sont vêtus certainement selon la mode ancienne du pays.
Leur costume, dans une version beaucoup plus richement décorée, est en effet proche de celle du "tambourinaïre" du musée d'Ambalangoda ci-dessus : même tambourin long, porté horizontalement, que l'on frappe aux extrémités, même sorte de boléro à jupette festonné. Mais le costume de nos danseurs du mariage est plus somptueux, la coiffe longue et le turban plus élégants, les jambes couvertes d'un pantalon bouffant.
Avant de pénétrer puis de disparaître dans une grande salle réservée de l'hôtel, en apothéose, de petits feux d'artifice pétaradent enfin longuement dans le crépuscule, illustration fugace des fastes traditionnels d'antan dans la cour des royaumes.
Et encore là, pas d'éléphant décoré et caparaçonné de pierres de lune.
Tout comme le dispensaire des éléphant, l'hôtel où le cadre possède une certaine valeur esthétique (perspective sur l'horizon de l'océan, cadrages avantageux, arrière-plans potentiellement artistiques,...), est un lieu privilégié et assez notoire pour réaliser des photos de mariages.
Si la mariée dans son sari est inévitablement d'une rayonnante beauté, pour le mari, une certaine maladresse de posture, une ceinture trop haut ajustée sur le bedon, et voilà le photographe obligé de reprendre, de masquer les défauts en faisant prendre d'autres poses par exemple en contrechamp, pendant que jouent fillettes et jeunes garçons d'honneur.
Probablement réservé à une classe aisée, quand on constate l'équipe des photographes, leurs outils, et les atours des mariés ainsi que de la famille qui les accompagne.